par Alexandre Robert DELOUCHE (Damery 1895 - Sissonne 1965)
Artilleur
(Entre le 15 août et le 30 octobre 1918)
Préambule :
Ajourné en 1914, 1915, 1916.
Classé service auxiliaire par la 1ère commission de
réforme de la Seine du 21 mai 1917.
Incorporé le 4 sep 1917 matricule 12.304 (20 Son S.E.M.R)
Classé service armé par la 6ème commission de
réforme de la Seine le 19 sep 1917. Artillerie de campagne.
13ème Artillerie 1er oct 1917
10? R.E. ? - 18 fev 1918
C.O.A.L (Centre d'Organisation de l'Artillerie Lourde) d'Arcis-sur-Aube - 21 mars 1918 - Zone des armées
108ème R.A.L - 7ème groupe - 19 Batterie - 4ème
pièce - secteur postal 29bis - de mars 1918 à Vallant
St Georges (Aube) au 20 dec 1918 à La Ville-aux-bois-les-Dizy
(Aisne)
Coop. G.S.S.A - 20 dec 1918
Démobilisé le 17 oct 1919 à Laon
Du 5 au 14 août 1918 - Permission
Source : Livret militaire
Le carnet de Robert DELOUCHE
Le carnet de Robert DELOUCHE écrit au crayon sur un petit carnet à couverture noire commence Mi-août 1918 au moment où les français ont repoussé les ultimes offensives allemandes de juin et juillet 1918 et ont repris l'offensive et la guerre de mouvement. Il relate les derniers mois de la guerre, au moment des batailles de Noyon puis de Saint-Quentin pendant le recul de l'ennemi.
C'est le récit au jour le jour d'un artilleur qui voit la guerre depuis les lignes arrières, mais son poste d'observateur lui donne une vision plus large des combats.
Loin des considérations stratégiques ou techniques, il décrit un quotidien fait de privations et de souffrance dans un paysage de destruction et de mort.
Certaines pages sont particulièrement poignantes, l'illustration qui suit en est une.
Robert DELOUCHE rejoint son unité dans l'Oise après une permission.
L'unité de Robert DELOUCHE
Robert DELOUCHE est affecté précisément au 7ème groupe, 19éme Batterie, 4ème pièce du 108éme Régiment d'Artillerie Lourde (RAL).
Ce régiment fait partie comme le 109éme RAL des régiments supplémentaires d'artillerie lourde hippomobile numérotés de 100 à 110 crée en 1915.
Il comprend plusieurs groupes dont le 7ème groupe créé en en avril 1918 comme l'indique son Journal de Marche et d'Opérations.
La batterie de Robert était donc équipée d'un canon de 155MM Modèle 1917 produit par la firme Schneider :
Calibre : 155.00 mm
Poids en position de tir : 8718 kg
Poids à tracter : 12620 kg, en deux charges
Longueur tube en calibres : 23.80 (partie rayée seulement), 29.8 au total
Nombre de rayures : 48 pas constant de 7 degrés à droite
Poids du projectile : 43.1 à 44 kg
Vitesse initiale : 550 et 650 m/s
Cadence de tir : 3 coups par minute
Portee : 15900 m
Pointage en hauteur : -5 à +40 degrés
Pointage en direction : champ de 4.3 degrés
Le parcours de Robert DELOUCHE
Né le 08/01/1895 à Damery (51480), Robert DELOUCHE a été incorporé en octobre 1917 tout d'abord dans l'Artillerie de campagne.. Il rejoint le 108éme RAL en Mars 1918 et sera Démobilisé le 17 oct 1919 à Laon.
Comme c'était l'usage à l'époque, Robert a été « se faire tailler le portrait » chez un photographe professionnel ce qui va nous permettre de détailler d'abord sa magnifique photo.
Bonnet de Police à forme dite « à pointe » modèle 1919
Pattes de col portant le Numéro du régiment celles ci même en agrandissant sont malheureusement illisibles
Vareuse modèle 1914 modifiée 1915 qui se caractérise par la présence de poches de hanche qui ne sont plus plaquées et ne portent pas de boutons
Impossible de dire si la culotte porte ou non le passepoil rouge (liseré)
Les fameuses bandes molletière destinées à protéger le bas de la jambe
Sans doute des brodequins de repos
Ici commence le récit d'Alexandre Robert DELOUCHE.
15 août
- Retour de perm - Départ gare Nord 10h30.
Distribution cigarettes - éventail -sandwich - Orry la Ville
- régulatrice - 2 heures attente - bon repas - et descente
à Hermes au-dessous de Beauvais.
- vais à St Félix
à 3 km de là - La division est en déplacement,
il faut attendre les ordres pour la rejoindre - Coucher dans un vilain
grenier. Nuit passable.
16 août - Rien de nouveau
- Je dors l'après-midi.
17 août - Réveil à
5 h - exercice au programme
18<> Dimanche - Le cantonnement est
consigné la matinée. Après la soupe je vais à
Mouy à 5 km de St Félix. Je traverse Hondainville. Mouy
est très coquet. Une rivière partage la ville, elle
coule entre les maisons qui la bordent. Passe quelques heures à
l'Y.M.C.A. [1]
Rentrée à 5 heures. J'ai visité l'église
qui est bien jolie. (La rivière s'appelle la Théraine).
19 août - Promenade matin
et soir.
20 - 21 - 22 - Je reçois
quelques notions sur le fusil mitrailleuse [2], je lis le reste de la
journée.
23 - Dans la nuit du 21 au 22 les
Boches bombardent et mitraillent par avions les environs de St Félix.
Pendant un bon moment ils nous survolent. Dans la nuit du 22 au 23,
ils recommencent.
24 août - Belle journée
- Promenades.
25 - Dimanche - Je retourne à
Mouy ou je passe l'après-midi. Sur la place centrale, un gros
auto-camion prend feu. Il brûle entièrement. Son chargement
d'essence est en partie sauvé. C'est la fête de ma mère
aujourd'hui et je n'y suis pas. Enfin je me console, voilà
11 jours de bon temps que je viens d'avoir.
On va probablement rejoindre notre division qui est la 58e. Le départ
est annoncé pour 19 h. Je pars vers 10 h j'arrive à
Clermont - 10 km de marche. Un orage formidable éclate. J'abandonne
le détachement et vais coucher aux baraquements de la gare.
26 août - 6 h du matin en
route. Il reste 15 km à faire. Après 5 km j'arrive à
Nointel. Des camions en partance pour Blincourt, lieu de mon étape,
me prennent. La route est belle, je file. A 8h30 j'arrive dans la
ferme ou je retrouve mes camarades. Vers Catenoy il y a un hôpital
d'évacuation [3] et un cimetière militaire. Cette vue m'attriste,
je n'ai pas encore vu un nombre si considérable de tombes de
soldats.
A midi je quitte Blincourt par auto jusqu'à Estrées-St
Denis.
Là encore des tombes. On voit que Lassigny n'est pas loin.
Je reprends un autre camion jusqu'à Rémy et puis jusque
sur la route de Bienville en passant par Compiègne. Cette ville
est dévastée, c'est lamentable à voir.
Je fais 2 km à pied j'arrive à Bienville. Il est 4 h du soir.
Je couche dans un abri abandonné des artilleurs.
J'y arrive et
à 3H je repars sous la conduite d'un camarade jusqu'à
la batterie. Il m'a fallu faire 7 km dans cette dernière étape
avec mon fourbi sur le dos. J'étais bien satisfait arrivé
au but.
Les Boches sont partis de là il y a peu de jours. Partout
on retrouve leurs traces (bois de Thiercourt). Les cagnas sont toutes
faites et je dors assez bien malgré le bruit de nos pièces.
28 août - 5H réveil.
On a attaqué cette nuit et en dernière heure nos patrouilles
ne rencontrent plus l'ennemi devant elle. Moment de repos. On apprend
que les boches ont reculé au-delà de toute espérance.
Bravo. Noyon(1) est pris. Je vais relever la ligne de l'observatoire.
Nous allons nous porter en avant. Il est 10H, on attelle, on part.
On traverse Elincourt(2). Toute la contrée environnante est dévastée
et ce sera ainsi tout le reste du chemin. Que de terre remuée,
partout des branches et des trous d'obus. Par-ci par-là, l'air
est infesté, des cadavres de français et d'allemands
sont là. Quelques pelletées de terre en recouvrent d'autres.
Un pied passe. Ici, c'est la guerre dans toute son horreur. Thiescourt(3)
avec son église détruite. Le pont de la Divette est
sauté, le génie en construit un autre, nous attendons.
Après le pont - Evricourt(4).
Nous prenons position plus haut
que ce dernier pays. Des femmes américaines conduisent des
auto de la Croix-Rouge. Tous les poilus sont émerveillés
de leur courage. Le front de ce côté n'est guère
calme.
29 août - Depuis 4 heures
le canon tonne. Il est 5h30 et nous sommes prêts à partir.
Hier nous avons avancé notre batterie de 7 km. Nous sommes
à 7 km de Noyon. A 7h30 nous nous déplaçons et
prenons position à 100m / de Suzoy entre Lassigny et Noyon.
Je passe l'après-midi dans un abri de tranchée avec
mes camarades observateurs. Un obus à éclaté
à 200m environ, un éclat est venu frapper un malgache
à la tête [4]. L'allemand doit reculer nous allons encore
avancer. Nous changeons simplement de position pour plus de sécurité.
Je traverse Suzoy qui est en ruines. Plus d'église et le cimetière
est retourné. J'installe ma tente et me couche.
30 août - L'ennemi a bombardé derrière notre
batterie à plusieurs reprises dans le courant de la nuit. On
se bat à la sortie de Noyon. La résistance est forte.
A 6h30 je monte à un observatoire qui fait face à Noyon.
La ville à été entièrement prise hier.
Sur le bois St Siméon qui est en face, le bombardement est
terrible. Le Boche riposte, enfin nos fantassins avancent. Tarlefesse
est pris et repris quelques heures après par le Boche. La lutte
est violente.
J'entends les décharges de fusils. Les blessés
vont aux postes de secours, à la sortie de Noyon(1). Vers le milieu
de l'après-midi, nous attaquons à nouveau mais Tarlefesse(2)
reste entre leurs mains. En fin de journée le massif St Siméon
est conquis. Le 412e d'Inf. le 6e et le 11e tirailleurs algériens
ont beaucoup soufferts. J'assiste à l'enterrement d'un tirailleur.
Cette vue me fait mal et le reste de la soirée j'ai toujours
cette vision.
31 août - La matinée,
nouvelle attaque. Le boche ne cède pas. A peu de distance de
la batterie les obus pleuvent. Des éclats tombent à
proximité de ma tente. Alternative de pluie et de soleil.
1er septembre - Matinée extraordinairement calme. Pas
un coup de canon. De la grosse artillerie de 220 est venu prendre
position dans Suzoy.
A 14h nous quittons la position. Je traverse
Dives-le-Franc qui est entièrement détruit. Nous nous
arrêtons à la sortie de ce pays au moulin Guillaumin.
On met en batterie dans la plaine.
2 septembre - La nuit à
été calme. Je vais à l'observatoire. Nous réglons
sur Tarlefesse. Devant moi à 3 km à vol d'oiseau : Noyon.
Pauvre Noyon. Il ne reste plus que des ruines. La cathédrale
blessée, tend vers le ciel comme des bras, des deux tours mutilées.
Le front reste stationnaire.
3 septembre - Réveil à
5h30. Nous attaquons. Le canon tonne sans arrêt et pendant plusieurs
heures. L'après-midi est calme. Il fait beau. J'attends des
nouvelles.
4 septembre - Jusqu'à 10
heures quelques coups de canon sont échangés et puis
après, plus rien. On apprend que le Boche s'est retiré
assez loin. On fait les préparatifs de départ. A 20h
nous quittons Dives-le-Franc. Je traverse Noyon. Il fait noir mais
je vois quand même les maisons en ruines. Nous passons devant
le quartier de cavalerie ou la lutte à été extrêmement
violente et nous continuons.
Il est minuit ½ quand nous arrivons
sur Tarlefesse.
5 septembre - Nous nous couchons
tel que sur l'herbe. Je n'ai que ma capote sur moi. Je m'endors. La
pluie vient à tomber. Je me fais tout petit. A 5h30 je me réveille
et la batterie se déplace pour prendre position à gauche
de Tarlefesse. A peine installé, nouveau déplacement.
Nous nous dirigeons vers le massif de St Siméon et prenons
position dans les bois. Nous sommes en avant et à droite de
Tarlefesse. Des chevaux crevés infestent l'air. Dans la nuit,
les gaz nous ont légèrement incommodés. Toute
la colonne éternuait. Quelques coups de canons de la part des
Boches. Il fait très calme.
6 septembre - On vient me réveiller
à 3h30. Nous partons à nouveau pour Thiescourt. On dit
que le groupe va au repos, cela n'est pas certain. A 6heures, nous
retraversons Tarlefesse et passe devant ce qui fût son église.
Nos canons ont visé juste. Me voici dans Noyon. En passant
devant le quartier de cavalerie on sent encore les gaz et voit un
cadavre de tirailleur. Je vois très bien la malheureuse cathédrale
et les ruines amoncelées. Rien n'a été épargné.
Une grande partie de la ville est encore minée. Après
trois heures de marche j'arrive dans les ruines de Thiescourt ou une
partie du groupe est déjà arrivée. La route que
je viens de quitter à été minée tous les
15 m environ et d'énormes entonnoirs ont été
comblés en hâte par le génie pour permettre l'avance
de nos troupes. Un peu avant Suzoy je rencontre la grosse artillerie
- calibres 220 et 280 - qui se porte à l'avant.
7 septembre - Je quitte Thiescourt
à 5 heures du matin. La route est bonne mais longue. Toujours
des villages en ruines. Je passe à Ressons s/s Matz(1). Entre
ce pays et Gournay s/s Aronde(2), le pays est entièrement bouleversé.
C'est de là, dans cette contrée qu'est partie l'attaque
du 10 août [5].
Des dépôts
de munitions ont sauté. Les tombes isolées sont nombreuses.
Un piquet fiché en terre, recouvert d'un casque ou d'un calot
désigne la place ou repose un combattant. J'arrive à
midi à Moyenneville.
C'est là que pendant ma permission
ma batterie est venue prendre position et que le capitaine à
été blessé. Je suis de garde au parc jusqu'à
demain midi.
8 septembre - Je suis relevé
de garde à midi. Je vais voir la position où ma batterie
s'était installée pendant ma permission. Je vois la
place où mon capitaine et mes camarades ont été
blessés. La veste affreusement mutilée du pauvre Guibert
est là sur l'herbe. Que de blessures il a eu ! Les traces de
sang et des lambeaux de chair sont encore à la place où
les ordonnances des officiers d'état-major ont été
tués. Je vais visiter les tombes de ces malheureux. Plus de
cent soldats dorment déjà dans ce cimetière.
C'est bien triste. Journée pluvieuse.
9 septembre - Repos complet.
10 - 11 - 12 septembre - Corvées
de temps à autre. Le soir réunion pour le concert. Jusqu'à
11 heures c'est un fou rire général.
13 au 16 septembre - Corvées
- Le soir séance de transmission de pensée.
17 septembre - Le matin remise
de décorations aux canonniers du groupe sur la place du village.
Le groupe lui-même est cité pour sa participation aux
attaques de Champagne.
23 septembre - Voilà 16
jours que je suis à Moyenneville où j'ai éprouvé
bien souvent l'ennui le plus grand. Le régime caserne est appliqué.
Appels et corvées remplissent notre journée. Dans l'après-midi
le lieutenant nous informe qu'un prochain départ est à
prévoir. Le soir nous faisons nos paquetages et chargeons les
chariots.
24 septembre - A 5 heures réveil
et à 7h nous nous mettons en route. Je traverse Antheuil -
Vandelicourt et j'arrive à Marest s/s Matz où nous restons
le reste de la journée. Ce soir je suis de garde.
25 septembre - Il fait froid cette
nuit. A 2h30 je réveille toute la batterie. On attelle et à
5h les convois se mettent en marche. Je traverse Marest s/s Matz -
Elincourt - les bois de l'Ecouvillon. C'est la route que le 28 dernier
nous avons prise pour nous rendre à Suzoy. Ces lieux sont particulièrement
dévastés. Les bois de l'Ecouvillon sont remplis de tombes.
On se croirait dans une province allemande. Partout on rencontre des
écriteaux boches. Voici Thiescourt Cuy - Dives dont en vain
on peut chercher les maisons. Je suis à 1500 m de Lassigny
que nous laissons à gauche pour traverser Lagny - Catigny -
Campagne - Fretoy - Freniches - et j'arrive à Flavy le Meldeux
où nous passons la nuit. La journée à été
grise et froide. J'ai voyagé sur le canon et ne suis pas très
fatigué.
26 septembre - A 2h de l'après-midi
nous partons de Flavy. Je passe à Rouvrel - Tirlaucourt - Guiscard
qui est détruit - Buchoire - et je quitte l'Oise pour entrer
dans l'Aisne - Guivry - Ugny le Gay - Guyencourt. Nous nous arrêtons.
L'Echelon restera dans ce pays. Je me couche à la belle étoile.
Les avions nous survolent.
27 septembre - A 1h ½ du
matin on fait les préparatifs pour gagner les positions. Je
traverse Villequier-Aumont et rentrons dans le bois de Frières
au sud de St Quentin. La Fère et Tergnier sont à droite.
Il y a de la boue. J'enfonce jusqu'aux chevilles. Nous y passons la
journée et la nuit.
28 septembre - J'entends une violente
canonnade. On replie bagages pour redescendre à l'échelon
le groupe doit aller faire un coup de main. A 16h nous quittons l'échelon
qui est toujours à Guyencourt. Je passe Faillouël - Jussy
entièrement rasé. On traverse le canal où des
équipes travaillent activement à la construction des
ponts. Il faut aller prudemment. Des saucisses boches En argot des combattants, le terme saucisse désigne les ballons d'observation allemands peuvent nous
voir.
Voici Montescourt-Lizerolles. Le Boche bombarde(nt) un carrefour
et des chevaux de la colonne légère sont blessés.
Il fait nuit quand nous arrivons à la position qui se trouve
près de la sucrerie de ce dernier pays.
29 septembre - Vers 9 heures attaque.
Cerizy serait pris.
1er octobre - On passe la journée
tranquillement j'observe les avions ennemis. Le soir quelques tirs.
On apprend qu'à 3h du matin, il faudra quitter la position.
Vers 21h les avions boches viennent jeter des bombes qui heureusement
tombent assez loin de la batterie.
2 octobre - 3h apprêts de
départ. Dans la nuit noire nous partons. La marche est lente.
Les arrêts fréquents. Autour de nous c'est la plaine.
Les arbres fruitiers ont été systématiquement
coupés et les villages anéantis - Gibercourt - Hinacourt.
Il fait jour et les avions nous survolent. On rentre dans un chemin
creux. Les pièces ne peuvent prendre position sans que des
travaux soient faits, on les arrête dans les champs et là
sous le regard des boches nous travaillons. Personne n'est content,
la position est vraiment mauvaise.
Un 77 allemand resté intact
avec ses munitions à été retourné contre
l'ennemi. Nous sommes à 200 m de Benay.
3 octobre - Nous construisons nos abris. Je couche sous la tente. Il ne fait
pas chaud.
4 octobre - Rien de nouveau. Les
boches font des tirs de harcèlement et des obus tombent un
peu partout. Je pars à l'observatoire qui se trouve en avant
de Cerizy. Le canon tonne très fort. Je vois des Boches circuler.
Je distingue nettement les monuments de St Quentin. La basilique paraît
avoir souffert particulièrement. A la tombée du jour
je redescends à la batterie. A un carrefour un obus tombe à
quelques mètres de moi. Je viens de l'échapper belle.
La terre est tombée sur moi. Ce n'est rien qu'un peu d'émotion.
5 octobre - Je coopère à
l'amélioration de l'abri. A 15h on me fait savoir que je dois
aller à l'échelon pour changer de linge. Dans cette
plaine l'eau manque complètement et on ne peut rien faire devant
l'ennemi qui peut voir. Après quelques Km de marche j'arrive
à l'échelon. Il fait nuit. Les avions boches nous survolent
et jettent un très grand nombre de bombes à proximité
et ceci pendant 1h au moins. Personne n'en mène marge. J'entends
que des ordres sont donnés pour atteler les pièces.
La batterie changerait-elle encore une fois de place ?
6 octobre - En effet à mon
réveil mes camarades et les canons sont là. Nous changeons
de direction. A midi tout le groupe se met en marche. Je passe dans
Flavy le Martel - pays assez important - détruit - St Simon
- Tugny et Pont - Bray St Christophe - Fluquieres - Etreilliers -
et nous nous arrêtons à Attilly dans le bois d'Holnon.
Il fait noir nous couchons dans un abri peu commode.
7 octobre - A 2h de l'après-midi
nouveau départ. Le boche se sauve. Depuis le matin sans arrêt
passe des convois français - Holnon - Fayet - et nous prenons
position entre Gricourt et Thorigny. Le chemin a été
pénible. Il pleut la terre est glissante et ce n'est qu'après
beaucoup de manoeuvre qu'on arrive à l'emplacement des
pièces. C'est encore une nuit à la belle étoile,
malgré cela elle se passe convenablement. Couché sur
la route près d'un chariot, ce n'est pas commun.
8 octobre - Le froid me mord les
pieds. Une violente attaque me fait lever. Je vais à l'observatoire
plusieurs fois dans la journée. On se couche dans un creux.
Il a gelé la nuit et j'en ai ressenti les effets.
9 octobre - Je vais à l'observatoire.
Les nouvelles sont bonnes, le boche se sauve. Ils laissent des cadavres
et du matériel le long des routes. J'apprends que nous allons
nous déplacer. Départ l'après-midi. Voici Lesdin
et Fontaine-Utertre. Il fait noir. Les Boches font preuve d'activité.
L'échelon est à Le Tronquoy. Le long du chemin à
partir de cet endroit on rencontre des cadavres.
10 Octobre- 5 h du matin 40 coups
de canon sont tirés. Ce sont les seuls d'ailleurs de la journée.
Nous sommes déjà à bout de portée. Je
vais voir le champ de bataille quitté la veille par l'ennemi.
C'est affreux. Des morts sont partout tant français que boches.
Les tranchées sont remplies d'armes et d'équipements
divers. La fuite à été précipitée.
Partout le canon a battu le sol qui est à peine dérangé.
Le sang a coulé à flot par place. Si les auteurs de
la guerre voyaient cela ... mais ceux-ci sont à l'abri.
A 18h on attelle et on arrive au Tronquoy. On mange la soupe et on
repart pour nous diriger sur Guyencourt - environ 35 km à faire.
Nous repassons par les localités que nous avons traversées
le 6 et le 7.
11 octobre- Après 12h de
voyage nous arrivons à Guyencourt. Il est bientôt 6h
du matin. J'ai sommeillé sur le canon. Depuis que nous voyageons
ainsi je commence à être fatigué. Nous y passons
la journée et la nuit.
12 octobre- A 14h nouveau départ.
Nous allons prendre position devant Vendeuil. Il pleut. Le voyage
s'effectue sans incident. La nuit est venue. Vite on dresse la tente
et je couche sur la terre mouillée. Le ravitaillement arrive
à 1h1/2 du matin.
13 octobre et 14 octobre - Je vais
à l'observatoire au fort de Vendeuil qui a sauté par
les mines. Le bouleversement est complet. Peu d'artillerie ennemie
devant nous. La position paraît tranquille.
15 - 16 - 17- Journées
calmes. DE temps à autre je monte à l'observatoire.
Les 6ème et 11ème tirailleur algérien font de
fréquentes attaques pour traverser l'Oise et la mitrailleuse
fonctionne sans arrêt. Le calme n'est pas pour ces malheureux
fantassins.
18 octobre- Le bruit d'un départ
prochain circule. L'ennemi aurait reculé. Le départ
est confirmé l'après-midi. Je suis envoyé en
liaison à l'état-major qui est à Liez. L'état-major
étant pour partir, je le suis jusqu'à Vendeuil. Les
ponts pour l'artillerie lourde ne sont pas encor établis. Impossible
de passer en cet endroit. Je rejoins la batterie qui est encore au
bois de Roquenet. A 7h30 l'ordre de départ arrive. Je passe
devant le fort de Vendeuil - traverse Vendeuil et me dirige sur La
Fère. La nuit est superbe, il fait un beau clair de lune.
En arrivant près de cette dernière ville un brouillard
très dense nous donne des frissons. Voici La Fère. Il
faut traverser l'Oise et les ponts ne sont pas pratiques. Enfin tant
bien que mal les canons passent. Jusqu'à la sortie de la ville
il faudra passer sur sept ponts.
La Fère a souffert beaucoup
dans certains quartiers. En général le désastre
est moins grand qu'à Noyon. Cette ville est malsaine. Les terrains
qui l'entourent sont marécageux. La marche de la colonne est
lente et l'heure avance. Nous continuons la route - Achery - Mayot
- Choigny - et nous allons prendre position dans la direction de Renansart,
entre Anguilcourt et ce pays.
19 octobre- Il est cinq heures
du matin quand la batterie arrive. Cette marche m'a bien fatigué.
Je prends la pioche et je creuse le trou qui préservera de
la pluie moi et mes camarades. L'après-midi je dors quatre
heures, j'en avais besoin.
20 Octobre- Je viens de passer
une bonne nuit. Il pleut. Il faut rester sous la tente. Il fait mauvais
marcher dans les champs.
21 octobre- Vais à l'observatoire
l'après-midi. Les Français attaquent direction ferme
de la Ferrière. Nos troupes avancent de 300m mais ce gain n'est
pas maintenu. 2 obus tombent à proximité du poste. Nous
avons la visite d'un général et d'un colonel.
22 octobre- Il pleut sans arrêt.
Rien d'autre.
23 octobre- Le beau temps est
revenu. Une audacieuse escadrille boche de 12 appareils survole nos
positions. Violemment bombardée elle se retire tout en mitraillant.
Bombardement de la région par l'ennemi.
24 octobre- Le matin je relève
la ligne de l'observatoire lequel est changé. Il n'est plus
prudent d'aller de ce côté. A 2 h il doit y avoir attaque
de notre part (heure H). Je monte au nouvel observatoire porter le
repas du lieutenant. Près d'une heure avant l'heure prévue
nous déclenchons un bombardement d'une violence inouïe
sur les lignes ennemies. Celui-ci me rappelle ceux faits en Champagne
alors que nous étions sur la défensive. A l'heure dite
je vois les tirailleurs monter à l'assaut. Dès le matin
l'artillerie avait fait 2 brèches dans les barbelés
mais les Allemands en défendent l'accès par des mitrailleuses
qui tirent sans répit. Une batterie tire sur la ferme de La
Ferrière. Il y a de ce côté 3 réseaux de
barbelés de 20 m de large chacun. Malgré nos efforts
aucune avance n'est faite. Un tirailleur blessé à la
main vient tomber à côté de nous. On lui donne
à boire et accompagné d'un camarade je le conduis au
poste de secours de Renansart.
25 octobre- Une nouvelle attaque
aussi violente que celle d'hier me réveille. Il est 5 h. A
10 h l'ordre est donné de tout replier. A peine 1/2 h
est-elle passée que la batterie est déjà en route.
La nouvelle position est au nord-est de Renansart près du pays.
A 16 h il fait nuit et c'est sous la pluie que nous montons la tente.
Je fais un peu de liaison avec la 20ème Bie et revient me coucher.
La nuit se passe assez bien.
26 octobre - 8 h du matin. Nous
quittons la position pour nous porter en avant à Fay-le-Noyer
à 3 km de Renansart. Dans la nuit des avions lancent des bombes.
27 octobre- Le Boche a continué
son recul. Nouveau départ. En me dirigeant sur la ferme de
Ferrière je cours les champs. Je savais que la lutte avait
été chaude mais je ne m'attendais pas à tant
d'horreur. Un peu avant la ferme 3 lignes de tranchées servaient
d'appui à l'ennemi. Celles-ci sont remplies d'équipement
- de fusils - fusils mitrailleurs - mitrailleuses - minnenwerfen -
casques etc... et aussi de nombreux trop nombreux cadavres aux
visages douloureux. J'ai le coeur serré en regardant ce
terrible résultat de la guerre. Les Français sont aussi
nombreux que les boches. Des tirailleurs sont étendus sur le
terrain, tout équipés. Dans les tranchées certains
morts sont debout appuyés au parapet. D'autres couverts de
sang, le corps ou le crâne ouverts gisent près des abris ou
sur le bord de la route. Ces malheureux sont jeunes pour la plupart.
Ils vont rester ainsi plusieurs jours ainsi sans sépultures.
Et je songe que chacun a dans son pays respectif une famille qui pense
à lui et qui attend son retour. Je continue mon chemin. Voici
la ferme démolie. Dans un chemin creux cinq tirailleurs mis
en morceaux par un obus sont étendus. Villiers-le-Sec Pleine-Selve
- Parpeville - Ce dernier pays est intact. Ma batterie s'arrête
devant cette localité à quelques centaines de mètres.
La nuit commence à tomber les obus aussi malheureusement. Nous
nous mettons à terrasser et après avoir creusé
un trou de 1m75 de long sur 1m60 de large et 50cm de fond nous y couchons
à 4. C'est un peu étroit mais j'y dors bien quand même.
La pluie est venue nous surprendre pendant les travaux et je me sens
un peu humide.
28 octobre- Rien de nouveau si
ce n'est que je suis promu téléphoniste [7] et que j'entre
en fonction. J'améliore la cagna. Ses dimensions sont convenables
maintenant.
29 octobre- A 4 h du matin on
vient nous réveiller. Départ à 5 h pour l'avant.
Prenons position dans le bois de Torcy à côté
de la ferme de même nom en avant de Torcy-Vilancet. Je creuse
un trou pour y coucher. Je vais réparer une ligne à
Parpeville. Je suis exténué par ces travaux et déplacements.
Les boches à la nuit viennent jeter des bombes. L'Autriche
aurait capitulé.
30 octobre- 5 h du matin. Nouvelle
attaque ou de nombreux tanks ont participé.
Ici se termine le récit d'Alexandre Robert DELOUCHE.
Du 5 au 14 novembre 1918 - Permission.
Le 3 août 1924, Robert DELOUCHE fait l'acquisition d'un commerce à Sissonne au prix de 20.000 f. Ancien parisien, il baptise son café "La Cigale".
Annexes
Cliquer sur l'indice pour retour.
[1]L'Association chrétienne des jeunes hommes.
YMCA : Young Men's Christian Association
Dans les dix jours suivant la déclaration de guerre, le YMCA avait établi pas moins de 250 centres de loisirs au
Royaume-Uni, offrant une tasse de thé, des sandwichs ou d'autres rafraîchissements, peut-être du matériel de
lecture. Un grand nombre de ces centres se trouvaient dans les gares ou à proximité d'un grand
nombre de troupes.
En novembre 1914, le premier contingent du YMCA se rendit en France et organisa des centres similaires au
Havre. Plus tard, ils opéraient également à Rouen, Boulogne, Dieppe, Etaples et Calais (principales bases de
l'armée), Abbeville, Dunkerque, Abancourt (carrefour ferroviaire), Paris et Marseille. Finalement, il y avait de
nombreux centres de ce type dans chacun des endroits mentionnés, et trois cents autres le long des lignes de
communication. De grandes quantités de rafraîchissements ont été servies aux troupes en mouvement: par
exemple, un centre d'une voie ferrée d'Etaples servait plus de 200 000 tasses de cacao par mois.
Le 30 juin 1915, le YMCA a reçu la permission d'établir un centre dans la zone des opérations de l'armée. Il a
ouvert un centre à Aire, puis l'emplacement du QG de la Première Armée.
À la fin de l'année, les petits centres se
trouvaient dans des centaines d'endroits proches du front. Comme le montrent les photos sur cette page, certaines
d'entre elles étaient très proches de la ligne de tir, offrant un refuge de bienvenue. source le long sentier site internet armée anglaise en 1914 1918
Robert évoque sans doute le premier fusil mitrailleur de l'armée française à partir de 1916-1917,
le modèle CHAUVAT (du nom de son concepteur). Son formateur avait il entre les
mains cette documentation ?
La ville de CATENOY a accueilli entre mai et octobre 1918 un hôpital militaire, l'Hôpital
d'Evacuation N°36 HOE 36. L'HOE 36 fonctionne à Catenoy du 28 mai au 10 octobre 1918.
En 4 mois 25 085 Soldats blessés ou malades sont passés à Catenoy par l'HOE 36 et ses
sections sanitaires accolées. 942 soldats y décèderont et seront inhumés dans le cimetière
provisoire à côté de l'HOE. Remplacé en 1921 par la nécropole nationale de Catenoy à 500m
à l'ouest de l'ancien emplacement.
L'unité de Robert DELOUCHE compte un certain nombre de soldats malgaches comme cela
appartait dans le JMO de l'Unité et en particulier dans ce tableau des pertes subies par
l'unité lors des très durs combats du 15 juillet 1918
[5]Descriptif de l'attaque du 10 août 1918 par le 28ème Régiment d'Infanterie
Le lieutenant-colonel commandant le 28e RI recevait le 6 août des ordres lui prescrivant de préparer son plan
d'engagement pour prendre part avec son régiment à une action offensive devant être menée par les 121e, 6e,
165e et 129e DI avec exploitation prévue du succès.
Dans la soirée du 9, toutes mesures préparatoires ayant été prises, le lieutenant-colonel recevait l'avis :
J : 10 août H : 4h30
Les ordres furent aussitôt donnés pour l'exécution du plan d'engagement.
Le 10 août à 3h50, le Régiment a pris son dispositif d'attaque : 2 bataillons en 1ère ligne :
1er Bataillon (Bérenger) à droite
3e Bataillon (Fages) à gauche
2e Bataillon (Thurninger) en réserve et chargé de l'exploitation du succès.
A 4h10, les Bataillons d'assaut ont porté leurs unités sur la ligne départ ; à 4h20 sous la protection d'un puissant
tir de barrage, déclenché seulement à 4h18, de manière à laisser aux assaillants le bénéfice de la surprise, les
Bataillons Bérenger et Fages, marchent sur les objectifs qui leur ont été assignés et les abordent dans un ordre
parfait L'ennemi n'a probablement pas été absolument surpris, car il a replié une partie de ses unités ; certains
groupes qui résistent sur leurs emplacements sont faits prisonniers, les autres s'enfuient.
A 5h12, le lieutenant-colonel a donné l'ordre au Bataillon Thurninger de se porter aux emplacements de la
carrière de Saint-Maur et abords. Les Bataillons Bérenger et Fages continuent leur progression victorieuse ; la
ferme de Bellicourt tombe entre nos mains ; le bois de Ressons est pris en entier ; la section de JD rattaché au
1er Bataillon et commandée par le sergent Chassevent fait tomber par un tir de 6 obus, deux nids de résistance,
dont la garnison s'enfuit précipitamment. De nouveaux prisonniers sont amenés au PC dont deux médecins.
L'ensemble du 2e objectif est occupé à 6h20, le Bataillon Fages y est dès 6h10 et en commence l'organisation.
Le commandant Thurninger quitte la carrière avec le détachement de reconnaissance prévu au plan
d'exploitation du succès, à 9 heures...
A 20 h, le lieutenant-colonel reçoit l'ordre de continuer le mouvement en avant et d'aller s'établir à cheval sur la
voie ferrée, ses Bataillons, en échelons successifs ; le Bataillon de tête (Bataillon Bérenger) à la ligne Roye-sur-
Matz-Conchy-les-Pots, est chargé de rechercher la liaison à gauche avec la 1ère Armée, qui d'après les
renseignements reçus, doit avoir des éléments dans Conchy-les-Pots. En conséquence, la marche est reprise à
21h30. L'avance réalisée par le Régiment est ce moment de plus de 10 kilomètres...
...Il a capturé :
Dans la journée du 10 : 98 prisonniers dont 1 officier, 2 médecins et 15 sous-officiers. La 5e compagnie ayant pour sa part 54 prisonniers
dont 1 officier et 1 officier tué.
...Il a perdu :
Dans la journée du 10 : 1 officier tué (capitaine Lepin). 3 officiers blessés (sous-lieutenant Lassalle,
Nobécourt, Jourdon). 6 tués, 64 blessés, 5 disparus... Source: superbe site internet Le 28e Régiment d'infanterie au coeur de la Première Guerre mondiale.
Très limitées en 1914, les liaisons entre la ligne de front et l'emplacement des batteries sont
devenues au cours de la guerre un problème essentiel pour l'artillerie. Elles permettent en
effet de régler au mieux l'efficacité des tirs. Ces liaisons se faisaient par T.S.F. (
téléphonique sans fil) ou par téléphone filaire. Le matériel téléphonique employé à cette fin
s'est considérablement perfectionné et le nombre des soldats employés à cette fonction a lui
aussi augmenté.
Sur un terrain labouré par les obus, les fils téléphoniques étaient bien sûr très fragiles et devaient constamment étre réparés, ce qui faisait partie de la mission du téléphoniste...
Sources :
Carnet de route de Robert DELOUCHE
Iconographie et commentaires : Didier BERNARD (Le Chtimiste)
Mise en page : P.H.
Des dizaines de carnets de guerre de poilus,carnets de route, carnets de campagne et d'albums photos durant la grande guerre 14/18 sur ce lien : www.chtimiste.com/carnets/carnets.htm
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