Nous avons retrouvé le rapport du Chef du Génie au sujet de la création d'un abattoir public sur la commune, daté du 21 mai 1910.
Il fait suite à une lettre du Maire du 11 mai, adressée aux autoritées militaires après la prise de décision du conseil municipal du 10.
Le début de ce rapport fait un rappel historique des événements qui ont précédé. En voici des extraits :
La municipalité de Sissonne a, en 1904, voté le principe de la création d'un abattoir public [...], le Commandant a été saisi par le Maire d'un certain nombre de questions relatives à l'utilisation de cet abattoir pour l'alimentation des troupes du camp.
Ces questions ont fait l'objet d'un procès verbal de réunion de la commission de casernement du camp de Sissonne en date du 30 novembre 1904 [...]
[..] Il semble ressortir de ce procès verbal que ces propositions comprenaient l'engagement à prendre par le Département de la Guerre de ne pas créer d'abattoir militaire, et d'autre part le tableau des différentes taxes à acquitter pour l'abattage, sans qu'il soit question [...] d'un traitement de faveur pour les entreprises des vivres de la troupe.
Les conférents faisaient remarquer que l'abattoir permettrait de compléter la surveillance exercée sur la viande [...]
Les conférents estimaient que l'installation d'un abattoir militaire serait impossible au camp (en raison des quantités d'eau qui seraient nécessaires, du peu de pente des égouts et du mode d'évacuation des eaux vannes) et très onéreuse en dehors du camp [...]
Le Ministre a, par décision du 28 janvier 1905, notifié aux services du Génie [...] rejeté les propositions de la municipalité, la participation de l'Administration à la construction d'un abattoir au camp de Sissonne [...]
L'an mil neuf cent dix, le dix mai à huit heurs du soir, le conseil municipal de Sissonne s'est réuni à l'Hôtel de ville sous la présidence de M. E. Letuppes Maire, officier d'Académie.
Présents : MM. Deliancourt adjoint, Avot Léon, Caurette guyot, Fouan Clotaire, Petit Adonis,Laurent G, Laurent Fl, Lhottelain Jules, Bornier M, Nivoit Lucien, Courtin Toussaint, Dr Fr&oelig,hlicher, Delvincourt Edouard.
Absents : MM. Toury Jules, Lécaux Gaston.
Secrétaire, M. Delvincourt
L'assemblée ainsi constituée, M. le Maire rappelle au conseil municipal que dans une précédente réunion, il a voté en principe, la création d'un abattoir municipal à Sissonne et qu'il a autorisé le Maire à demander à M. Marquiset, architecte départemental un plan et un devis concernant ce projet.
Il communique ce plan au conseil municipal et fait un exposé complet de la question.
Il démontre l'urgence qu'il y a pour Sissonne, tant au point de vue de l'intérêt général qu'à celui des bouchers en particulier à créer un abattoir municipal.
Il ajoute que l'architecte a déclaré formellement que la dépense, y compris l'achat du terrain et l'aménagement d'un chemin d'accès à l'abattoir, ne dépasserait pas 45.000 francs
Il invite le conseil municipal à délibérer.
Le conseil municipal, après en avoir délibéré, considérant que, d'après l'exposé de M. le Maire, la création d'un abattoir s'impose à Sissonne, et qu'il y a urgence à donner une suite immédiate à ce projet ; qu'il importe surtout d'éviter la création d'un abattoir militaire au camp,
Déclare, à l'unamité, moins une abstention, après appel normal, y donner son adhésion et accepter le projet tel qu'il est présenté.
Cet abattoir sera établi au lieu-dit : Les Arches, au N.O. de Sissonne.
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Il est bien entendu que lorsque l'emprunt sera amorti, les taxes seront ramenées au taux nécessaire pour assurer le fonctionnement et l'entretien de l'abattoir.
Le conseil municipal compte que M. le Maire fera toute diligence pour que toutes les formalités nécessaires soient remplies dans le délai minimum, de façon à pouvoir mettre l'abattoir en exploitation au moi de mars prochain.
Et ont signé : ... suivi des signature des membres
Aujourd'hui les termes de M. le Maire de Sissonne en date du 11 mai 1910 semblent indiquer que les conditions ne sont plus les mêmes qu'en 1904. La municipalité a voté d'une manière ferme la création d'un abattoir, en dehors de toute participation de l'Administration de la Guerre.
Le Chef du Génie est d'avis que le Département de la Guerre n'a pas à approuver ou à désapprouver cette mesure, qui est essentiellement du domaine de l'hygiène publique du ressort des municipalités ; et le jour où un abattoir public fonctionnera, les fournisseurs de la Guerre devront l'utiliser, car les abattoirs privés seront interdits ; seule la création d'un abattoir militaire pourrait être envisagée à un moment quelconque, le Département de le Guerre [...] ayant constamment revendiqué la surveillance et le contrôle exclusifs de ses établissements ainsi que le droit de les installer sans enquête et sans autorisation [...].
Quant à l'argumentation tirée de relèvement des prix par suite des taxes, le Chef du Génie fait remarquer que si on peut chercher à obtenir de la municipalité un traitement de faveur pour les corps de troupe comme devant être ses plus gros clients, on ne peut songer à éviter complètement les dépenses qui en résultent, la création étant indépendante de l'intervention de l'Administration de la Guerre.
Celle-ci devant en somme tirer de la création d'un abattoir public des avantages au point de vue de l'hygiène et des facilités de surveillance et ne pouvant éviter complètement les charges qui en résulteront, le Chef du Génie a l'honneur d'émettre l'avis qu'il y a lieu de prendre acte de la délibération du conseil municipal, en cherchant toutefois à obtenir de lui quelques concessions sur les taxes ainsi que des conditions particulières pour les heures d'abattage, comme on le demandait déjà dans le procès-verbal du 30 novembre 1904, en présentant comme argument le lourd préjudice que causerait à la municipalité la création, qu'elle semble apréhender, d'un abattoir militaire, création à laquelle l'Administration de la Guerre pourrait être amenée si les taxes étaient trop élevées.
Voici les seules photos en notre possession, prises pendant la démolition de l'abattoir.
Si vous en possédez dans vos archives, elles seront les bienvenues.
à compléter
Depuis la construction des ateliers municipaux, la maison du gardien était à l'état d'abandon, la toiture, percé et la charpente menaçant de s'écrouler.
Entre 2012 et 2013, des travaux sont entrepris pour la restaurer.
A suivre ...
Recherches en archives : Marc Berriot, J.F. Martin
Mise en page P.H.