Tard dans l'après-midi, un soldat en tenue de combat américain et armé d'un fusil-mitrailleur apparait à une intersection dans le village de Sissonne.
Les villageois sont inquiets et soupçonneux. Des histoires circulent que les soldats allemands, vêtus d'uniformes américains, ont pénétré les lignes alliées, et terrorisent la campagne dans toutes les zones arrières. Se pourrait-il que de ces saboteurs soient maintenant à Sissonne ?
Un détachement précurseur composé d'environ 50 hommes a été sélectionné à partir d'unités diverses. Monté sur des jeeps et des transporteurs d'armes, ils ont précédé la 11e division de plusieurs heures. Il était de leur devoir de reconnaître le parcours, d'identifier et de réguler les points chauds de passage ou d'obstacles, de sélectionner des zones de bivouac, et servir de guides routiers.
Le VIIe Corps d’Armée US progresse vers Montcornet, en libérant au passage Sissonne. Les allemands étant repliés plus au Nord et la ville abandonnée, la libération se passe dans le plus grand calme, pas de combat et accueille par une foule en liesse.
L'avant-garde américaine est arrivée en fin de journée du 30 août à la ferme de l'Espérance, toute proche d'ici, sur la hauteur. Un jeune résistant de Sissonne, Gabriel Vasseur, venu les guider y est tué car les Allemands sont toujours présents en embuscade. (source : A. Nice)
Les américains continuent leur progression et abandonnent Sissonne rapidement.
Ils se retrouvent, non sans émotion, sur les champs de bataille de la
Grande Guerre où avaient combattu leurs pères. Ne rencontrant généralement pas d'unités
ennemies importantes, ils empruntent les grandes routes et négligent dans leur élan des points
de résistances secondaires. Partout, la Résistance et la population aident et acclament les
troupes américaines parfois méfiantes. Les principales difficultés rencontrées au cours de
cette progression rapide sont les ponts détruits et le manque d'approvisionnements, dû à une
avance trop rapide. En l'absence de chemin de fer, les alliés ne disposent alors pour leurs
ravitaillements que du port artificiel d'Arromanches et de celui de Cherbourg très
endommagé, très éloignés.
Samedi 30 août, face au monument aux morts,les enfants ont chanté le Chant des Partisans pour célébrer le 64e anniversaire de la libération de Sissonne. Ils étaient coiffés pour la plupart de bérets noirs, clin d'œil à la Résistance.
Dans une démarche de transmission de l'histoire, sensibilité et devoir de mémoire, c'est un moment d'échanges intergénérationnels.
La commémoration, suivie d'un pot de l'amitié a rassemblé les autorités civiles et militaires de Sissonne, le maire Pierre-Marie Lebée et le colonel Legio. Des membres de l'équipe municipale étaient aussi présents.
" Que cette journée incarne pour nous, Sissonnais, la résistance et le sursaut des français chaque fois que la France a été menacée, pour que vivent la république et la démocratie, pour que vivent la Liberté, l'Egalité et la Fraternité ", phrase finale du discours d'hommage prononcé par la plus jeune membre de l'équipe municipale, Annie Barthomeuf, 5e adjointe responsable de la jeunesse et de la citoyenneté à Sissonne.
Quatre jeep qui ont servi à la libération ainsi qu'un Dodge ambulance ont relié le monument aux morts à l'hôtel de ville, conduites par quatre passionnés de mécanique, qui mettent un point d'honneur au devoir de mémoire.
Venus spécialement de Guise et alentours pour l'événement ils étaient vêtus de l'uniforme de la 29e division qui a débarqué à Omaha Beach.
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