Dans ses souvenirs qu'il envoie à l'Amicale des anciens du régiment, Henry Duché, probablement un des gradés le plus décoré du 28e RI, livre un récit écrit sans concession et relate les combats avec une certaine franchise qui est bien éloignée de l'histoire officielle décrite dans le JMO ou dans l'historique.
Voici l'extrait de ses souvenirs qui concerne les combats qui ont eu lieu dans le secteur de Sissonne entre le 13 octobre et début novembre 1918.
Se peut-il rien de plus plaisant qu'un homme
ait droit de me tuer par ce qu'il demeure au
delà de l'eau et que son prince ait querelle
avec le mien, quoique je n'en aie aucune
avec lui.
Pascal
Fismes avait été notre premier cantonnement, lors de notre retrait de la 5e Armée, en 1915.
Nous le retrouvions, en 1918, comme base de départ pour la reconquête des positions de 1915.
Alors que la 3e Armée que nous venions de quitter, récupérait le secteur de Saint-Quentin, la 5e Armée restait accrochée aux pentes sud du plateau entre Vesle et Aisne.
Nous allions participer à l'action offensive menée dans cette région.
Le 30 septembre au matin, la bataille faisait rage au nord de la Vesle. Nous étions placés en soutien. La division en ligne avait pu finalement atteindre son objectif. Notre mission était d'exploiter le succès et d'empêcher l'ennemi de se reformer sur la crête, du plateau entre Vesle et Aisne, jalonnée par « l'arbre de Romain ». Le terrain était parsemé de nombreux cadavres, tant allemands que français, témoignant de l'âpreté de la lutte qui venait de s'engager. Remontant les pentes du « Grand hameau », le bataillon se trouva en pleine vue de l'ennemi qui déclancha un bombardement des plus nourris. Le Sous-Lieutenant Laudart, de la CM3, qui rentrait d'une permission exceptionnelle (enterrement de sa mère) fut tué. Les mitrailleuses ennemies entrèrent en action. Nous ne pûmes progresser et dûmes nous terrer d'autant plus que l'artillerie ne nous prêtait qu'un trop faible appui. Nous passâmes ainsi la nuit sur place (nuit du 30 septembre au 1er octobre).
Au petit jour (donc le 1er octobre), cette fois bien secondé par notre artillerie, qui connaissait alors exactement notre position, nous repartions à l'attaque, mais dans la nuit, l'ennemi avait décroché ne laissant pour protéger sa retraite que de faibles arrière-gardes qu'il nous fut aisé de réduire.
Avec le plus grand entrain, nous débordâmes Meurival, faisant quelques prisonniers. Le 1er bataillon, pour sa part, enleva deux canons de 150.
Nous arrivions en vue de la magnifique vallée de l'Aisne au-delà de laquelle se dessinait le fameux Chemin des Dames. L'ennemi était en fuite. Il se retranchait derrière la rivière et nous en étions trop loin pour empêcher la destruction des ponts. Un stationnement s'imposait. À nouveau bombardé, le 3e Bataillon, placé, cette fois-ci en position de soutien au-delà de Meurival, eut quelques blessés.
Dans la nuit du 5 au 6 octobre, le bataillon alla relever en ligne, un bataillon du 24e en position sur l'Aisne, entre Maizy et Concevreux, face à Cuiry-les-Chaudardes sur la rive droite. Nous bordions le canal latéral. Le génie travaillait fiévreusement à construire un grand nombre de passerelles volantes, avec des futailles et des bidons à essence.
Le 10 octobre, à la nuit tombante, la division devait par surprise, s'efforcer de franchir le canal puis l'Aisne sur ces passerelles jetées à l'eau au dernier moment.
Le 2e bataillon du 28e et le nôtre, à gauche, étaient chargés de l'opération. À l'heure indiquée, notre artillerie déclancha un tir de protection très nourri pour neutraliser les positions présumées des mitrailleuses ennemies. Tant au 2e bataillon qu'au 3e, l'opération réussit, mais l'adjudant FrèreL'adjudant Frère, engagé volontaire bien que réformé, avait eu 3 frères tués à l'ennemi. Il avait été sergent sous mes ordres à la 12e compagnie et avait commandé la section franche du bataillon. de la 10e Compagnie en organisant l'une des têtes de pont, tomba très grièvement blessé.
Le lendemain 11 octobre, l'attaque générale est prescrite pour rejeter l'ennemi hors de la vallée. Il ne fallait pas laisser aux Allemands, le temps de se ressaisir.
La division prenait le dispositif de combat avec tous ses régiments 28e à droite, 24e à gauche, 119e en soutien.
L'action est déclenchée avant le jour. Chaudardes, sur la rive droite, est enlevé par la 6e Compagnie commandée par le Capitaine BasinBasin, fonctionnaire aux contributions indirectes, était l'un des mes bons amis. qui est tué au cours de l'assaut.
La réaction de l'ennemi est des plus violentes. Notre progression est lente, très lente. La nuit arrête le combat.
Le 12, dès l'aurore, il fallait coûte que coûte, avancer l'ordre était formel, mais, ce que nous ne savions pas alors, c'est que l'ennemi, menacé de flanc par la 10e Armée (Mangin), avait décidé de rompre le combat pour échapper à une menace d'enveloppement. Donc, le 12 à notre grande surprise, nous progressons sans aucune résistance. Le bataillon laisse à droite Pontavert, traverse le sinistre cimetière des tanks, où une vingtaine de chars Saint-Chamond, déchiquetés, gisent encore, lamentables, vestiges impressionnants de la grande offensive malheureuse du 16 avril 1917. Nous abordons, sans la moindre lutte, la célèbre ligne Hindenbourg, profonde forteresse hérissée de multiples réseaux de fils de fer et d'abris bétonnés. Quelques rares Allemands retardataires sont faits prisonniers. L'un d'eux parle français avec le plus pur accent parisien.
Nous franchissons la route 44 Laon Reims aux abords de laquelle, j'avais fait mes premières armes en 1914 à Villers-Franqueux.
Les arrière garde ennemies parviennent à retarder notre avance. À la tombée de la nuit, nous nous arrêtons ; le bataillon se trouve dans la zone des batteries de la ligne Hindenbourg à hauteur de Berrieux, à une dizaine de kilomètres de notre point de départ. Nous couchons sur le terrain utilisant quelques abris d'artillerie. Nous apprenons que le Chemin des Dames, tourné, retombe entre nos mains et que Laon est pris. C'est un beau succès.
Le lendemain 13 octobre, dès le jour, la marche en avant reprend. Nous abordons la grande rocade ferrée Amiens-Saint-Quentin-Laon-Reims-Châlons, rendue inutilisable par les Allemands. Nous atteignons ensuite le camp de Sissonne où la résistance ennemie s'affirme. Notre progression devient extrêmement lente. Des nids de mitrailleuses se révèlent constamment. Il faut les réduire et cela demande du temps. Notre artillerie, dans une avance aussi rapide, ne peut plus nous soutenir. L'infanterie doit manœuvrer avec ses propres moyens. La nuit vient. On a gagné encore 4 Km.
Il faut maintenant stationner où l'on se trouve. Nous sommes dans le bois de l'Échelle à 3 Km au sud de Sissonne. Mais le repos n'est pas complet ; il faut assurer la liaison avec le 119e à droite qui n'est pas encore arrivé à notre hauteur et s'efforcer de se relier avec la division de gauche qui se trouve on ne sait où.
Nous ne savons pas, pour notre part, que nous sommes en présence de la « Hunding Stellung », dernier retranchement, et nous n'avons aucun plan directeur.
Bientôt, en pleine nuit, ce sont ordres, contre ordres, confusion, ignorance exacte des situations de chaque bataillon, des positions ennemies. Le Commandant Fages fait pour le mieux pour obéir à des ordres alors que l'on sent bien que le commandement est désorienté. Dans la série de boqueteaux que nous traversons, la 10e Compagnie s'égare. On décide de s'en passer. Égarés, nous mêmes, je pense, des fusées s'élèvent et nous entendons des rafales de mitrailleuses. L'ennemi serait-il si près ?
Le commandant Fages décide d'envoyer une patrouille qui peut-être pourra nous fixer, mais plus de compagnies. Les 9e, 11e et CM3 à leur tour nous ont abandonnés. Le commandant est furieux. On attend sans trop savoir que faire. Un quart d'heure après, un coureur, ramène les compagnies égarées. La patrouille prévue peut partir ; au bout de 500 mètres, elle est démasquée par l'ennemi qui la mitraille ; elle se replie. Le commandant Fages se rend compte qu'il est dans un guêpier, que les indications qu'on lui a données sur la position de l'ennemi et sur les unités voisines, qui devraient être maintenant à notre hauteur, sont totalement erronées.
Il en a maintenant la preuve : nous sommes encore à près de 3 Km de la route sissonne-La Selve qu'on nous avait affirmé être entre nos mains. Le commandant Fages décide alors le repliement du bataillon dans une tranchée assez profonde que nous avions franchie peu de temps auparavant. Les hommes s'entassent dans cet abri précaire pour passer le reste de la nuit.
Le lendemain 14 octobre, nous recevons des ordres du Colonel par un planton qui nous a cherchés en vain au cours de la nuit. Notre direction de marche doit être désormais nord est et non plus nord ouest et nous devons, à tout prix, trouver la liaison avec la division voisine. On y voit clair, nous nous mettons en route, en utilisant le couvert des bois, quelques obus tombent dans la région. Nous pénétrons dans le bois de Solféricourt où nous nous heurtons à des éléments du 119e. Ce régiment, au cours de la nuit, a regagné le temps perdu et il serait en contact avec l'ennemi. On se rend compte, de part et d'autre, que les ordres se contrarient. Le Mont Simon le Grand est toujours aux mains de l'ennemi et la route Sissonne La Selve est loin d'être atteinte. Par ailleurs, le 2e bataillon du 28e n'est pas à notre hauteur comme le croit le Lieutenant-Colonel de Gouvello. Les unités du 28e se mélangent avec celles du 119e. La confusion continue. On rend compte avant de poursuivre une progression dans l'inconnu. Le commandement finit par se rendre compte de la confusion qui règne. C'est le stationnement forcé avant de décider quoi que ce soit. Au surplus, il faut attendre que l'artillerie, non seulement prenne position, mais connaisse exactement ses objectifs. En attendant, le 2e Bataillon du 119 (Commandant Laporte) et notre bataillon se partagent le secteur. Nos mouvements attirent l'attention de l'ennemi qui nous bombarde sérieusement. Nous avons plusieurs tués. Le Sous-Lieutenant Bertrand qui commande provisoirement la 11e compagnie est blessé.
Dans la nuit du 14 au 15, un ordre d'attaque nous parvient : les deux bataillons de tête (3e du 28e à gauche, 2e du 119e à droite) reçoivent pour mission d'enlever le Mont Simon le Grand, magnifique observatoire qui domine toute la région.
Au matin du 15 octobre, nous partons à l'assaut mais combien péniblement. Le tir de l'artillerie ennemie n'est pas très nourri, mais les rafales de mitrailleuses balaient tout le terrain. Notre artillerie ne paraît pas gêner les Allemands. Mon fidèle ordonnance Tihy est mortellement frappé à mes côtés. Nous parvenons à déloger l'ennemi des bois au sud de Mont Simon le Petit.
Le 119e a réussi pour sa part à enlever le Mont Simon le Grand. À l'extrémité droite, il aurait même abordé la route Sissonne La Selve devant le bois des Vuides Granges. Nous doutons de ce renseignement et nous avons des raisons de croire qu'il est erroné, qu'il y a confusion.
Le Général Poignon Commandant la division croit la victoire facile et est persuadé que le 119e est en flèche.
Il ordonne de s'aligner sur la route Sissonne La Selve atteinte, croit-il, à droite.
Or nos deux Compagnies de tête, qui ont subi des pertes sensibles en pénétrant dans la tranchée Dobroudja, élément avancée de la position « Hunding Stellung », sont épuisées.
Par ailleurs, un trou s'est creusé entre le 119e et notre bataillon et les liaisons sont extrêmement périlleuses. Les coureurs, pris à chaque instant sous les rafales de mitrailleuses, ont grand'peine à remplir leurs missions. Le commandant Fages, en présence de cette situation, donne l'ordre à la 11e Compagnie en soutien, de monter en ligne pour assurer la soudure entre les deux régiments, et, pour assurer l'unité de commandement, il m'expédie en ligne dans la tranchée Dobroudja.
Je trouve Gevrey à gauche qui commande la 9e Compagnie. Elle est en l'air. Le 24e, qui devait le soutenir, est bien loin à l'arrière. Je vois ensuite Joret qui commande la 10e. Je reste avec lui. L'artillerie déclanche son barrage. Il est bien trop long et n'inquiète pas les
mitrailleuses ennemies. Nous débouchons quand même. Nous sommes plaqués au sol par une fusillade nourrie. À la 9e Compagnie, le Sous-Lieutenant Veillon est très sérieusement blessé. Nous constatons facilement que le 119e n'a pas mieux réussi que nous.
La nuit se passe calme.
Le lendemain 16 octobre, le Colonel réitère son ordre. Le bataillon doit reprendre l'attaque sans s'occuper des unités voisines. Il nous promet un meilleur appui de l'artillerie. C'est absolument nécessaire. Il se peut que l'ennemi ne soit pas en nombre, que son artillerie n'ait guère d'efficacité, mais il y a les mitrailleuses et, tant que le feu de notre artillerie ne les aura pas réduites au silence, nos attaques ne feront qu'aggraver nos pertes tout en restant inefficaces. Au surplus, on croit ferme, en haut lieu, que le 119e menace le flanc de l'ennemi ce que nous considérons comme faux.
Quoi qu'il en soit, à 10 heures, les sections de ligne du bataillon se lancent de nouveau en avant. Le tir de notre artillerie a été cette fois ci plus précis, mais n'a pas aveuglé toutes les mitrailleuses ennemies ; les hommes tombent. À la 10e Compagnie, le sergent Chevallier, par bonds, en vient presqu'au corps à corps avec une mitrailleuse ennemie qui doit cesser son feu, mais d'autres mitrailleuses se révèlent, Chevallier et ses hommes doivent se terrer.
À la droite de la 9e Compagnie, la 11e Compagnie qui a dû remplir sa mission sur un terrain dénudé, bien repéré, a été en grande partie anéantie avant l'heure de l'attaque. Le Sous-Lieutenant Diverneau qui la commande est blessé, l'adjudant Motte également. L'adjudant Bintz, un Alsacien, prend le commandement de ce qui reste de disponible – un quart environ de l'effectif.
À la 9e, le Sous-Lieutenant Delory tombe grièvement blessé à deux pas de l'ennemi qui le fait prisonnier. Les sous-officiers de sa section tombent à leur tour. Trois caporaux restent : Chemin, Menil et Bousquet. Ils continuent à lutter pour dégager leur chef. Ménil et Bousquet sont mortellement frappés. Chemin reste seul avec trois hommes.
Les pertes sont grandes, le succès est mince.
Je rends compte au Commandant Fages. À peine mon compte rendu est-il parvenu que le Commandant me prévient qu'il faut, par ordre supérieur, monter une nouvelle attaque pour midi. À cette nouvelle, je bondis au PC du bataillon. Est-il vraiment possible de demander un nouvel effort à des hommes exténués ? Tant que l'État major ne voudra pas se rendre compte que la Hunding Stellung est fortement organisée et que, seule, une action puissante de notre artillerie, trop faible jusqu'alors, peut nous préparer le terrain, toutes nos attaques demeureront sans résultat. Et d'ailleurs comment l'artillerie peut-elle ajuster son tir alors qu'elle ne connaît pas exactement les positions des bataillons ?
Il faut que l'on sache bien que si, à son extrême droite, le 119e a bien atteint la route Sissonne La Selve, sa gauche est nettement en retrait par rapport aux débris de la 11e Compagnie et que le 24e, à notre gauche, est bien en arrière de nous.
Comment effectuer une attaque frontale dans de telles conditions ? Le commandant Fages ne veut rien entendre. Il a en mains un ordre d'offensive générale, il ne peut être qu'exécuter et non discuter. Il en a définitive raison. Je repars en ligne. Je vois Joret (10e) puis Gevrey (9e). Ils engagèront leurs sections de réserve qui vont monter en ligne.
À midi, c'est l'heure de l'assaut. Il était entendu, avec mes deux commandants de compagnie, je l'ai pris sur moi, que leur devoir serait de partir à l'attaque si le 119e et le 24e débouchent. Or le 119e reste sur place et le 24e est toujours absent. Le 28e, c'est lui qui est en flèche, ne bouge pas. On a évité ainsi de nouvelles pertes, notre artillerie tirant toujours trop long.
À 15 heures, l'ennemi contre attaque. Il veut reprendre la tranchée de la Dobroudja. Il met en action, son artillerie sur son objectif. Les 9e et 10e compagnies se défendent énergiquement appuyées par les mitrailleuses de la CM3. Les restes de la section Chevallier (10e Compagnie)
gardent leur position aventurée. Finalement, l'ennemi échoue. Nous restons maîtres de la tranchée de la Dobroudja.
Le calme revenu, les brancardiers viennent ramasser les blessés, restés entre les lignes, lors de notre première attaque.
L'adjudant Bourdet qui les dirige, n'hésite pas, en plein jour, à s'avancer vers l'ennemi le drapeau de la Croix rouge déployés. Les Allemands le laissent faire. Il peut entièrement remplir sa mission. C'est la seule fois de toute la guerre, que pareil spectacle m'a été donné de contempler. Cette preuve d'humanité, je me devais de la noter.
Dans la nuit du (nuit du 16 au 17 octobre)C'est au début de la nuit du 16 au 17, que les quelques hommes des 9e et 10e qui étaient restés terrés en avant de la tranchée Dobroudja, se sont repliés. Notamment le sergent Chevallier. Leur situation en flèche n'avait plus d'objet. qui suivit cette journée d'après luttes, le bataillon était relevé par le 1er bataillon. Nous passions en soutien dans les bois à 2 Km en arrière dans une installation des plus rudimentaires. L'automne, heureusement, était beau et nous pouvions dormir à la belle étoile.
La journée du 16 octobre, avec les tentatives de percées de la division, avait finalement permis au haut commandement de prendre au sérieux les défenses de la Hunding Stellung. Tout était à reconsidérer et nous allions souffler un peu pour notre part. Quant à l'artillerie, elle devait prendre sa tâche plus au sérieux, mais notre rapide avance l'avait handicapée.
Dans la nuit du 28 au 29, ce fut notre tour d'assurer la garde devant la « Hunding Stellung » toujours inviolée.
Nous relevions, en ligne, le 1er bataillon du 119e (Commandant Bedoura).
Les consignes étaient d'harceler incessamment l'ennemi pour s'efforcer de connaître ses projets, notamment en faisant des prisonniers. Le Bataillon parvint à en faire un, le seul qu'il ait pu faire. Cependant, l'artillerie ennemie était de plus en plus active.
Dans la nuit du 1er au 2 novembre, nous subîmes, pendant plusieurs heures, un bombardement d'obus toxiques, et, à nouveau, des hommes furent intoxiqués.
Le calme se rétablit. Au petit jour, une patrouille du 2e bataillon nous apprit le départ de l'ennemi sans combat.
La division engagea la poursuite sur le champ (5 novembre). L'ennemi, menacé de flanc par l'avance de la 3e Armée française à notre gauche, avait fui.
La traversée de la « hunding stellung » se fit sans incidents.
L'ennemi avait pu évacuer la plus grande partie de son matériel et de ses munitions.
Nous étions harassés, nous couchions, dans le « bled » malgré le temps froid et humide, mais nous sentions que la victoire était désormais certaine et nous marchions toujours, avec cette confiance qui donne des ailes même à ceux qui n'en peuvent plus.
Le 7 novembre, nous libérions les villages de Lappion et de Dizy-le-Gros. Les rares habitants qui s'y trouvaient avaient pavoisé.
Le 8 novembre, le bataillon cantonnait à Fraillicourt (Ardennes) à 8 Km de Chaumont Porcien à l'Est à 5 Km de Rozoy sur Serre au nord.
Depuis notre départ des lignes de la Hunding Stellung, nous avions trouvé tous les carrefours des routes dynamités et les Allemands avaient même posé, de çi de là, des bombes à retardement.
De plus en plus, nous rencontrions des convois ennemis abandonnés (voitures en panne, chevaux crevés) mais, de soldats allemands, pas la moindre trace. Nous avions rompu définitivement tout contact.
Remerciements à Alain, Christian et Geneviève Duché, petits-enfants d'Henry.
ainsi qu'à Vincent Le Calvez
Liens à conculter :
Le 28e Régiment d'infanterie au cœur de la Première Guerre mondiale
L'autre histoire du 28e RI - Henry Duché
Le 16 octobre 2011, 93 ans jour pour jour après ces événements, un petit groupe composé d'amateurs d'histoire locale et de descendants des poilus qui ont vécus cette période, a eu la chance de pouvoir visiter le camp de Sissonne, sur les lieux mêmes des combats.
Cette journée était organisée par Jean-François Martin, passionné par l'histoire de Sissonne et de La Selve.
Le but de ce pélerinage était de suivre chronologiquement les combats d'octobre 1918 des 28e et 119e RI.
Mise en page : PH