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L'Histoire de « Sissonne »

1909 Le petit train de Sissonne

Le petit train de Sissonnephoto Hubert MOZAIVE

Les origines

Au cours de l'année 1900, les départements de l'Aisne, de la Marne et des Ardennes se concertent en vue de réaliser une ligne secondaire à voie métrique partant de Reims et aboutissant soit à Montcornet, soit à St-Erme, soit à ces deux localités.

La Compagnie des Chemins de fer de la Banlieue de Reims et extensions (C.B.R.), qui a l'exclisivité du réseau de la Marne, est pressentie pour prendre en charge la construction et l'exploitation de ces lignes. Elle limitera toutefois sa participation à la section Reims - Asfeld.

La Compagnie des chemins de fer départementaux à voie étroite des Ardennes (C.A.), créée pour l'exploitation du réseau secondaire des Ardennes s'est aussi intéressée à cette ligne. Après la renonciation du C.B.R. au delà d'Asfeld, le département des Ardennes pressentira la Compagnie C.A., proposition également retenue par le département de l'Aisne.

 

C'est en 1909 que sont ouvertes les lignes

Au sein de la Compagnie C.A., ces lignes auxquelles on joindra une liaison Renneville - Wasigny, seront connues sous le nom de "réseau mixte" pour leur appartenance à deux départements.

Le réseau mixte sera en contact avec d'autres voies métriques :

Des points d'échange avec le grand réseau seront créés

Sissonne est la localité la plus importante desservie par ces lignes

Les Gares

Gares de Dizy à Montcornet

Dizy-le-Gros - Le ThuelNous recherchons une carte postale de la gare du Thuel- Renneville(08) située sur le territoire de Berlise(02) - Noircourt - Montloué - Lislet - Montcornet .

Gares de St-Erme à Dizy-le-Gros :

St-Erme - Sissonne - Lappion - Dizy-le-Gros .

La station de Sissonne

La gare de Sissonne

Equipements

Comme la plupart des gares de la ligne, le batiment voyageurs sera doté d'un logement à l'étage pour le chef de gare. Ce batiment est du type "Aisne" et non du type "Ardennes" comme ceux équipant la plupart des stations (Lappion, Dizy-le Gros etc...)

Alors que les stations C.A. comportent 2 voies, voire 3 voies pour les stations les plus importantes, celle de Sissonne sera établie à 4 voies : la voie principale, une voie de croisement ou de manoeuvres, une voie pour l'activité marchandises, la quatrième voie utilisée pour garer le matériel voyageurs de réserve (pointes de trafic du camp de Sissonne) .
Comme la plupart des stations du réseau mixte appelées à recevoir d'importants chargements de betteraves, Sissonne sera équipée en plus d'une voie privée appartenant aux sucreries pour le chargement des betteraves ainsi que d'une bascule également privée logée dans un petit local, pour peser les livraisons des cultivateurs à l'arrivée en gare.

Autres équipements :

Un pont tournant de 5 m pour le retournement des locomotives (plus tard des automotrices) effectuant entre autres les navettes St-Erme - Sissonne.
Une petite halle pour le trafic local des marchandises
Une alimentation en eau réservoir cylindrique sur massif en maçonnerie avant 1914 , réservoir en béton armé lors de la reconstruction après le conflit 1914/1918. Pour permettre d'effectuer le complément en eau des locomotives durant leur arrêt en gare, des grues hydrauliques avaient été implantées entre les voies.

 

Locomotive 130 T - voie 1 M  1ère sériePhoto Hubert MOZAIVE
Locomotive 130 T - voie 1 M Photo Guy PEREVE

Les locomotives sont du type 1.3.0. (un bisselLe bissel est un essieu porteur installé sur certaines locomotives, capable de s'orienter par rapport au châssis pour faciliter l'inscription dans les courbes. avant et 3 essieux couplés) pesant 19.5 tonnes à vide et 25 tonnes en ordre de marche.
Elles permettaient des moyennes commerciales de 25 km/h, pouvant remorquer des trains de 400 T avec un maximum de 35 véhicules sur des rampes inférieures à 13%.
Toutes les locomotives furent construites par la firme Veuve CORPET devenue CORPET-LOUVET à La Courneuve.
Chaque locomotive reçut un nom. La N° 1168, baptisée "SISSONNE", a été livrée le 29 juin 1908 et réformée en 1960.


Composition de base d'un convoiCollection Hubert MOZAIVE

Les voiture sont montées sur bogiesUn bogie (ou boggie) est un chariot situé sous un véhicule ferroviaire, sur lequel sont fixés les essieux (et donc les roues). Il est mobile par rapport au châssis du véhicule (locomotive, wagon ou voiture) et destiné à s'orienter convenablement dans les courbes., donnant un confort accru et une meilleure tenue de voie par rapport à des essieux. Elles ont une capacité de 30 places assises : 24 en 2ème classe et 6 en 1ère classe ou 30 places en 2ème classe.
L'accès se fait par une plate-forme à chacune des extrêmités.
Les fourgons possèdent deux compartiments voyageurs de chacun 6 places assises.
La composition de base des convois comprend un fourgon à bagages et une voiture.

Une bascule permettait le pesage des tombereaux venant des champs.


Rôle économique

Outre cette fonction dominante de desserte des sucreries, la ligne ne désservait que des villages agricoles à très faible population.
Sissonne était la localité la plus importante, importance accrue par le besoin de desserte du camp militaire. Les lignes furent tracées pour desservir les sucreries, aussi répondent-elles mal à un transport de voyageurs, n'aboutissant dans aucune localité importante, exigeant des changement de trains, voire à satisfaire des relations opposées sur certaines sections, selon que certains villages étaient attirés par Laon, par Reims, où par Rethel :
Le réseau était en correspondance avec

Ces contraintes conduisirent à faire circuler de nombreux trains pour répondre à une faible demande. Jusqu'en 1914, chaque ligne était parcourue par 4 AR quotidiens. Il y en avait davantage entre Sissonne et St-Erme.

La guerre de 1914-1918

L'exploitation cesse fin août 1914, mais les lignes fûrent utilisées de façon intensive par l'occupant, ces lignes se trouvant en arrière du front de Champagne et du Chemin des Dames.

Horaire au 15 novembre 1928

A la fin des hostilités, l'exploitation reprend le 1er août 1919, mais le service courant fut limité d'abord à 2 (insuffisance de matériel) puis à 3 AR quotidiens (par mesure d'économie).


La guerre de 1939-1945

L'exploitation cesse le 15 mai 1940, mais reprend le 15 octobre suivant. Un AR de trains mixtes circulait une fois par semaine entre Sissonne et St-Erme. Les autres relations étaient assurées par un autobus Montcornet-Dizy-Sissonne-Laon.

Au lendemain des hostilités, il circulait encore les jours ouvrables 1 Aller-Retour sur St Erme-Dizy le Gros. Le service voyageurs fut supprimé le 31 décembre 1946.

Au 1er janvier 1947, une régie départementale, au sigle de R.D.T.A. succède à la C.A.

Le département des Ardennes remit à celui de l'Aisne le matériel et les installations du réseau mixte attachés à la ligne Montcornet - Renneville - Dizy-le-Gros - St-Erme.

Ces lignes fûrent rachetées par la sucrerie de Montcornet pour ses propres besoins, à l'exception de la section Sissonne - St-Erme (raccordement avec le grand réseau, transport de betteraves et de pulpes).

Les sucreries

Les transports pour l'industrie sucrière revêtirent, une importance particulière. Non qu'ils conditionnèrent l'équilibre financier du réseau en raison de leur saisonnalité et des tarifs spéciaux consentis, mais ils permirent néanmoins d'assurer durant de nombreuses années des facilités de transport à une population rurale clairsemée où sans celà il n'aurait jamais été justifié l'établissement d'une voie ferrée.

La ligne de Sissonne à Montcornet sera exploitée par la sucrerie de Montcornet jusqu'en 1960/1961.
A partir de cette date, les betteraves sont transportées par camions, la ligne est démantelée et les terrains vendus aux riverains.
Le 6 janvier 1988, la sucrerie ferme ses portes

Les lignes du réseau mixte desservaient les sucreries de Montcornet (Aisne), Dizy-le-Gros (Aisne), St-Germainmont (Ardennes) et Rethel (Acy-Romance).

 

 

De larges extraits ont été pris dans « Les Ardennes en petits trains » par Hubert MOZAIVE - éditions SOPAIC.
Nous remercions particulièrement Hubert MOZAIVE pour les compléments et corrections qu'il a bien voulu apporter à la rédaction de cette page.

 

 

Les dernières traces

L'ancienne voie Sissonne - St Erme

La gare se situait à l'emplacement de l'actuel centre de secours des sapeurs pompiers. On remarquera l'alignement des rues du Moulin-Rouge et de la portion de la rue Guillaume Dupré passant devant le groupe scolaire qui a remplacé des jardins.
La voie traversait la rue du 8 mai 1945 ("Route du Camp" à l'époque) entre le café-cinéma "La Cigale" et le "café des sports" qui fait l'angle. C'est le sifflet qui prévenait les usagers du passage du train.

le pont qui traverse La Souche
Toujours sur ce même alignement, il reste le pont qui traverse La Souche, seul au milieu des champs , entre l'ancienne maternité et le carrefour de La Rochelle.

Cette ligne droite se prolongeait à l'opposé vers St-Erme en passant le long de l'actuelle maison médicale, puis devant l'allée de la Ferme du Parc. Un peu plus loin, la voie était encaissée. Ce fossé a servi de dépotoir municipal et est aujourd'hui comblé.

La locomotive 130T Corpet Louvet de 1906 entre Noyelles-sur-Mer et Saint-Valéry-sur-Somme est du même type que celle de Sissonne et continue à accomplir un excellent service
ici en cours de retournementPhoto G. Dhu

La gare de Sissonne

Rue de la gare, actuellement rue G. Dupré
La réserve des voitures pour voyageurs

L'hôtel Terminus en construction
Derrière la gare, l'hôtel Terminus... terminé

Arrivée du train de St-ErmeL'hôtel Terminus a brûlé et remplacé par une habitation
Wagons de marchandisesLe château d'eau

Derrière les voitures, ce qui sera la rue G. Dupré.
Arrivée du train de Dizy-le-Gros (photo d'avant 1914)

Les gares de St-Erme à Montcornet

St-Erme : A gauche, la gare pour Sissonne 
La gare de Lappion

La gare de Dizy-le-Gros
La gare de Renneville-Berlise 

La gare de Noircourt
La gare de Montloué

La gare de LisletCe qu'il reste des installations allemandes (scierie et établissement de préparation d'obus)
La gare de la compagnie ardennaise à Montcornet


 


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© Site du Club Informatique Ademir. Dernière modification le 11/04/2020 à 20:23