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L'Histoire de « Sissonne »

1905 Les cafés de Sissonne

  • Il était une fois... les cafés de Sissonne.
  • Les règlementations.
  • Recensement des cafés
  • Il était une fois... les cafés de Sissonne.

    Entrée de troupes dans Sissonne

    Dès 1905, les régiments se succèdent au Camp pour des manoeuvres et exercices de tir qui s'étalent au moins sur deux semaines. Cela amène un nombre considérable d'officiers mais surtout d'hommes de troupe qui ont besoin de lieux de distractions en dehors du Camp. Il faut satisfaire de nouveaux besoins des soldats qui veulent boire entre copains mais aussi se restaurer, donner de leurs nouvelles, se faire photographier, acheter des souvenirs de Sissonne. Certains trouveront même fille à marier. De nombreux cafés ouvrent alors, en général dans des maisons existantes (une ou deux pièces peuvent suffire), dans des constructions nouvelles, en bois ou en dur. Des boutiques de photographes, marchand de cartes postales, articles militaires ou de bureau, souvenirs se répartissent dans le village. Il faut voir ce qu'était l'entrée d'un régiment à pied dans Sissonne, au son du tambour. On venait même y assister des villages environnants.

     

    Café des Glycines et La Cigale

    Le "boulevard des Cafés-concerts" :

    Cependant les principaux lieux de rencontre restent les innombrables cafés et même cafés-concerts qui jalonnent les rues. Pour en mesurer l'importance, emboîtons le pas de quelques troupiers quittant le camp après une journée harassante. Ils s'engagent d'abord dans la rue du Camp (actuelle rue du 8 mai 1945) qui était devenue une sorte de Boulevard des cafés-concerts. Jugez-en plutôt. A leur droite, dès les premières maisons, ils trouvaient le "café Gambier" puis le "Café-concert du Chat Noir", à leur gauche le "Café D'siré y a cassé l'cruche" puis le "Café-concert du Grillon". De nouveau à leur droite "la Cigale, café-chantant". Enfin, au débouché de le rue de La Selve le "café des Glycines", auparavant café du Triangle (en raison de son implantation sur une parcelle en forme de triangle laissée libre près de la voie ferrée vers Dizy le Gros qui passait tout près). Ce café des Glycines, devenu ensuite café Olaire avec un salon de coiffure attenant, devenant le café Sainseaux puis café des Sports.

     

    La Taverne du Moulin Rouge

    Le Moulin Rouge :

    Au départ du Camp, les militaires pouvaient aussi, avant les premières maisons, prendre à gauche la direction de la "Taverne du Moulin Rouge".
    Un article des Tablettes de l'Aisne du 21 juillet 1910 fait état de la présence de 6000 hommes de troupe au camp, dont il faut assurer la nourriture et l'hébergement. L'administration militaire s'en charge. Les cafés accueillent et distraient. Rapidement on comprend que ce n'est pas suffisant. Un particulier, M Baillet, fait construire vers 1905, à l'écart de l'agglomération mais à proximité du camp, une "taverne" qu'il baptise Moulin Rouge.
    C'est qu'il avait l'intention de la surmonter d'un moulin, à l'image du célèbre Moulin Rouge de la place Blanche à Paris. Il rachète des terrains pour construire un chemin (actuelle rue du Tour de Ville) qui serve de raccourci aux troupiers qui sortent du Camp.
    Cette taverne devient très vite "maison de tolérance" jusqu'à sa fermeture après la guerre en vertu de la loi Marthe Richard. Des sissonnais ont encore des souvenirs d'enfance de belles dames que l'on apercevait dansant avec les militaires au rez-de-chaussée. Lorsque la Taverne devint Cours Complémentaire puis Collège, on continua d'observer l'immeuble, qui a gardé son aspect général, avec un sourire malicieux et entendu.
    (Voir historique.)

     

    Retrouvons nos troupiers quittant le Camp après une journée de manoeuvres harassantes.
    Les voilà rue de La Selve et se dirigeant vers le centre de Sissonne. Ils passent devant le cabaret chantant "la Fourmi" où se produisaient des artistes parisiens puis les attendent le "café Aqueloque" à gauche, les cafés "Liévin-Nottelet" et "l'Estaminet du Nord" à droite. A l'angle de la rue de Roucy et de la rue Laisné, c'est le "Café du Bon Coin", démoli depuis pour créer un espace vert.

    Café Au Bon Coin
    Café Au Coeur Joyeux, rue Laisné

    A ce carrefour ils ont le choix.
    S'ils prennent la rue de Roucy, ils trouvent "la brasserie du Globe" avec salle de concert et de restaurant, devenue plus tard le Casino du pêcheur de Strasbourg, à l'emplacement actuel du parking. A droite, ils peuvent emprunter la rue de la ville et s'arrêter dans un café près d'un photographe ou au "restaurant Renaud". Nos militaires peuvent aussi remonter la rue Laisné au bout de laquelle, après l'actuelle perception, ils trouvent encore le "Café Au Bon Joyeux".

     

    Hôtel du Commerce et hôtel Dupond

    Les voilà au centre ville. Suivons-les vers la Mairie. ils passent à gauche devant le "café Malois-Duchêne" devenu ensuite le café de la Réunion. Ils parviennent, après la Mairie, devant un important établissement, "l'hôtel Dupond", appartenantà M Vathelot, restaurant, café-billard, très fréquenté alors, comme en témoigne la correspondance de M Vathelot à son marchand de fromages de l'époque.
    Rue du Cul de sac, actuellement Rue Aristide Briand, se trouvait "l'hôtel du Commerce", autre café restaurant renommé, magasin de Chaussures Horemans jusqu'en 2008.


    La rue de Laon et ses nombreux cafés :

    Le café-restautant Legrand-Colinart

    Dans cette rue commerçante, les militaires avaient le choix. Au risque d'en oublier, citons le Café-tabac Dufour-Boron, le café-restaurant Willemotte et son billard, le Café André Colinart, le Rendez-vous des chasseurs, le Café Varoqueaux, le Café de l'abattoir et surtout le Père la Prune.


    Le Père la prune :

    Le Père La Prune

    Souvent les français sont incapables de situer l'Aisne sur une carte de France, encore moins Laon. Mais dites que vous habitez à Sissonne et vous entendrez "Sissonne ? Ah ! Sissonne. Le père la Prune. Il existe toujours ?". C'est dire le souvenir qu'a laissé cet établissement : Café-chantant ou Café-concert "Au Père la Prune". S'y produisaient, sur scène, des orchestres, des musiciens amateurs qui pouvaient disposer des nombreux instruments accrochés aux murs, des artistes. Le propriétaire animait des soirées mémorables.

    Au cours de leurs pérégrinations, à cet âge on est infatigable, nos troupiers pouvaient se retrouver aussi, selon les époques, au Café de la gare route de St Erme, au Café du Centre rue de l'église, au Café Louis rue du Château, au Café-restaurant charcuterie Varoqueaux puis Vasseur rue de Verdun en centre ville, aux cafés Odent devenu l'Escale et Lecas Elysée à proximité, au bar A l'Idéal rue de Laon, au Café-restaurant Pays ou à la Brasserie Tissot rue de La Selve.

    Bonnes adresses à Sissonne autrefois

    Les militaires pouvaient aussi inviter leurs familles ou amis dans des établissements de qualité réputés pour leur confort et leur bonne table. Nous avons déjà cité près de la mairie l'Hôtel Dupont et l'Hôtel du Commerce. Il faut ajouter le Terminus-Grand Hôtel près de la gare, qui brûla à la fin de la guerre et fût réouvert rue des Vieux Moulins pour ne fermer qu'en 1958. Autre table renommée, celle de l'Hôtel-restaurant Félix puis Puissauve, "le plus proche du camp de Sissonne", devenu l'Hôtel-restaurant La Terrasse en 1950 et qui ne fermera, lui, qu'en 1961 pour devenir l'actuelle AED. Enfin citons l'Hôstellererie du Parc ou Auberge du Parc construite en 1930, dotée d'un parc de 5 hectares, qui était utilisée par les familles et amis des officiers réservistes.

    L'Hôtel Terminus rue des Vieux Moulins
    L'Hôtel Puissauve
    L'Hostellerie

    Au gré des souvenirs de sissonnais, des noms ou des faits surgissent encore du passé : la Mère la frite route du camp, la mère Turbine rue Laisné, Mr Vedel, Mme Wuilques 12 rue de Roucy, Mr Wilbert, un cabaret en bois qui prend feu. Dans le recensement de 1906, on retrouve la trace aussi d'une débitante de boissons rue de Boncourt et d'un autre débitant rue Bel Air... En fait, pas une rue à cette époque qui n'ait possédé au moins un café, à part la rue Madeleine dit-on. Tous les militaires de passage ont ainsi contribué à l'économie du bourg, parfois au prix pour les riverains de tapages nocturnes lors de retours en groupes joyeux vers le camp. Aux manoeuvres suivantes, les sissonnais étaient tout de même bien contents de voir arriver à pied, musique en tête, un nouveau régiment.

    C'était au temps des cafés de Sissonne.

    Renel LEROY

    (sources "La mémoire de Sissonne en cartes postales" et témoignages divers)

    Une règlementation stricte.

    Au nombre d'une soixantaine en 1906, les cafés, débits de boissons, cabarets, font partie de l'histoire de Sissonne.

    Lieux de rencontre et de distraction traditionnels, ils n'en sont pas moins soumis à un ensemble de règles strictes car on craint par-dessus tout les exemples pernicieux et la débauche qui pourraient corrompre aussi bien la population locale que les " vertueux " militaires...

    Ainsi, tel général de division s'adressant au maire préconise :
    " ... dans le but d'éviter toute cause de désordre et de maintenir, au camp de Sissonne, une discipline absolue, l'autorité militaire ne tolèrera la présence d'aucun militaire dans les débits de boissons qui viendraient se fixer à proximité du Chemin des boeufs " (prolongement de la rue du 8 mai actuelle)

    De son côté, le maire prend, en décembre 1909, un arrêté visant à protéger les enfants. Donc,
    " sans préjudicce des droits acquis, aucun établissement public, auberge, café, débit, restaurant, ne pourra être ouvert à Sissonne à une distance de moins de cinquante mètres, à vol d'oiseau, des Ecoles Publiques et autre établissements d'instruction quels qu'ils soient ".

    Le souci de la moralité publique ne fait pas oublier l'hygiène la plus élémentaire. Ainsi,
    Il est enjoint aux hôteliers, cafetiers et débitants de boissons ayant des urinoirs dans leur établissement, de vider chaque jour les récipents adaptés et de les laver avec de l'eau propre, mélangée de chlorure de chaux ".

    Autre préoccupation des édiles, le personnel employé dans ces établissements fait l'objet d'une surveillance pointilleuse... quand il est féminin !

    En 1906, il est dit que les patrons " ne pourront employer pour le service de leurs établissements que des femmes ou des filles bien connues et d'une moralité certaine ".

    En 1910, un autre arrêté fait obligation à ces femmes, de " fournir un certificat de moralité ".

    Tout celà ne suffisant pas, sans doute, un autre règlement s'applique, à la date du 1er juillet 1913 :
    " Il est interdit à tout cafetier, hôtelier et débitant de boissons, d'occuper au service des clients aucune personne de sexe féminin en dehors des femmes et filles de la maison. ".

    La crainte de la fille de mauvaise vie est clairement attestée par l'interdiction aux cabaretiers et aubergistes de recevoir des femmes ou filles de mauvaise vie ... et, bien sûr, des les loger ".
    L'autorité militaire suggère même des les empêcher " de rester à demeure dans le village de Sissonne ou dans les communes voisines ".

    Dès qu'un établissement propose à sa clientèle des divertissements misicaux, il doit se soumettre à des dispositions plus contraignantes encore :
    D'abord, il faut obtenir " une autorisation préalable du maire ", " acquitter le droit des pauvres " et déposer d'avance, le programme de la soirée qui ne pouvait être modifié.
    Bien entendu, les chants immoraux et ceux ayant trait à la politique ou à la religion sont prohibés aisi que les quêtes, tombolas et loteries.

    Quant aux artistes,- chanteurs ou musiciens - ils doivent prouver leur identité " dès le jour de leur arrivée ".
    Pendant leur prestation, on leur impose d'être " vêtu avec décence " ; il leur est " défendu de provoquer les spectateurs par des paroles et des gestes inconvenants ".

    De leur côté, les spectateurs n'ont pas le droit " d'accompagner les artistes pendant l'exécutiondes chants ou des morceaux de musique ".

    Chacun doit rester à sa place et dans son rôle. D'ailleurs la police des débits de boissons précise que " la scène ne devra pas être accessible au public ... , de même, l'accès de la salle sera absolument défendu aux exécutants ".

    Enfin, le spectacle doit impérativement s'arrêter à minuit et " un quart d'heure après la fin de la représentation, les artistes devront avoir quitté l'établissement où ils ne pourront d'ailleurs être ni logés ni nourris ! "

    Pour veiller à la bonne application de toutes ces règles, la police exerce une surveillance tarifée : 1 F par soirée si elle est temporaire, 3 F si elle est permanente (Tarif de 1893).

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  • Voir le " Recensement des cafés "

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    © Site du Club Informatique Ademir. Dernière modification le 18/04/2021 à 18:29