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Le« Canton de Sissonne »

Saint-Erme-Outre-Ramecourt

Les habitants de Saint-Erme-Outre-Ramecourt sont des "saint-ermois, saint-ermoises"

Saint-Erme-Outre-Ramecourt dans le canton
Saint-Erme-Outre-Ramecourt
Code postal 02820
Code Insee 02676
Habitants 1861
Superficie (ha) 2011
Densité (Hab/km2) 92
Altitude de 75 à 208 m
Longitude 3°50'25"
Latitude 49°30'56"
Mairie : Tel. 03.23.22.60.44
Adresse Mel  
Site  
Maire Guy Cens
Nombre de conseillers  

Histoire du bourg :

ERME (ST-), Sanctus Ermetus (12ème siècle) ou Erminus, Sanctus Hermes en 1147 ; autrefois ERCRI, HERCRI rn 1132 ; ECCRI en 1146 ; ESCRI en 1220 ; Erchiriacus en 877 ; Ercliacus Sancti Ermini en 1194 ; ERCLI vicus pagi Laudunensis, Ercriacus en 1178 ; Ercreium en 1223.

Village de l'ancien Laonnois, bâti dans une situation heureuse sur le penchant d'une colline et sur la vieille chaussée gauloise de Laon à Rethel par les plateaux, à 25 K. à l'Est de Laon, autrefois de l'intendance de Soissons, des bailliage, élection et diocèse de Laon ,aujourd'hui du canton de Sissonne, arrond de Laon, doicèse de Soissons.
Patron : St-Erme.
Population : vers 1260, 70 feux ; 1760, 200 feux; 1800, 1478 h; ; 1818, 1497 h. ; 1836, 1829 h. ; 1856, 1754 h. ; 1861, 1693 h.
Dépendances : Outre-Ramecourt (H.), la Maison-Bleue, la Bonne-Volonté (I.), la Besace, leMoulin d'en-Haut, Sans-Soins, les Hauts-Corêts, Risque-tout, le Choléra (moul.).

Ce village est fort ancien. Placé sur la chaussée gauloise qui conduisait jadis de Laon à Rethel, il se nommait d'abord Ercri ou Ercli, ce qui l'a fait souvent confondre avec le village d'Ecli-sur-Aisne. Au 8ème siècle, Ercli appartenait à St-Erme, abbé de Lobbes, qui y était né, et qui le donna en mourant , en 737, aux moines de son abbaye. Peu après, ceux-ci y établirent une prévôté qui fut plus tard changée en prieuré et devint, en 1573, la propriété de l'abbaye de St-Remi de Reims, qui donna en échange le prieuré d'Houdain. A la fin du 11ème siècle, Liezo, prévôt Ercli, voulant réparer les dommages causés en ce lieu par les seigneurs de Montaigu, obtint des moines de Lobbes d'y transporter les reliques de ST-Erme. Dès-lors le nom de ce saint remplaça insensiblement celui d'Ercli, et finit par le faire tomber en désuétude. Avant l'établissement du villade de St-Thomas, le camp du Viel-Laon était du terroir de St-Erme : nous renvoyons à l'article Camp de St-Thomas pour les évènements dont il fut le théâtre. En 874, Charles-le-Chauve donna la dîme d'Ercli à l'abbaye de St-Corneil de Compiègne. En 1194, Guerric, abbé de Lobbes, et Robert de Pierrepont, affranchirent les habitans de Saint-Erme avec ceux d'Outre et de Ramecourt en leur accordant la charte de Laon, sous la seule condition de payer une rente annuelle de 40 livres de Reims aux seigneurs de Pierrepont, avoués de Saint-Erme. Ce village possédait jadis une maladrerie, dont les revenus s'élevaient à 100 livres en 1648. Indépendamment de Saint-Erme, ce village est encore la patrie d'Aélide, abbesse de Morienval, morte en 1323, et de Jean Aubert, principal du collège de Laon à Paris, hélléniste et traducteur distingué du 17ème siècle.

Seigneurs de St-Erme, relevant de Montaigu :

1113 Blihart d'Ercri.
1135 Etienne d'Ercri.
1142 Foulques d'Ercri, frère de Raoul, vidame de Laon ; femmes : 1ère Clémence ; 2ème Oda ; enfans : Raoul, dit le Clerc, Fulcon, Jean, seign. de Bucy-lès-Pierrepont ; Blihart, Robert, Gautier.
1173 Raoul d'Ercri.
1178 Jean d'Ercri ; femme, Oda ; enfans : Barthélemi, Jean, Blihart, chanoine de Reims, Broda, Berthe.
118* Bathélemi d'Ercri.
1200 Raoul II d'Ercri.
1210 Guy d'Ercri.
1221-74 Gérard, seign. d'Ercri ; femme, Félicité, dite comtesse ; enfans : Elizabeth, Raoul.
1331 Raoul d'Ercri.
1477 Henri de Hans, seigneur de St-Erme.
1504 Claude de Bossut, baron de Sais, seigneur dudit.
1523 Guillaume de Grandpré, seigneur dudit.
1630 Claude II de Bossut, seign. dud., abbé de St-Crépin.
1670 Guillaume Egon Langraux, prince de Furstemberg, abbé de St-Remi de Reims, seign. de St-Erme et Ramecourt.
1702 Charles-François de Miremont, seign. de St-Erme, etc.

Source : Dictionnaire Historique Généalogique et Géographique du département de l'Aisne par MELLEVILLE (1857)

 

Données extraites de l'Annuaire Paul DOUAI de Laon de 1932 :

SAINT-ERME-OUTRE et RAMECOURT, canton de Sissonne ; 1444 habit. ; 418 élect. ; à 8 k. de Sissonne ; à 22 k. de Laon ; postes, télégraphe, téléphone et chemin de fer, ligne de Laon à Reims ; 2ème chemins de fer départementaux de ST-Erme à Asfeld ; Fête communale : le dimanche qui suit le 26 avril, St-Erme; le 1er dimanche de juin, Outre ; le dimanche suivant le 14 juillet, St-Erme-gare (maison bleue) ; premier dimanche de septembre, Ramecourt.
Foires, le 10 avril et le 15 octobre
Monument historique : Eglise du XV ème siècle


Maire Venet Albert Adjoint Cens J.B.,, Berlizot P. Conseillers Municipaux Normand G., Cens P., Chimot E., Berlizot P., Baudoux G., Richard CH., Famelart L., Berlizot A., Coutant A., Berriot R.
Secrétaire de mairie Dujardin M. Instituteurs Pélerin M. et Mme, Byenette M. et Mme Curés Gosse et Noiret
Receveur des Postes Baujoin Chefs de gare Lépagonl, Dumoulin, Garde-appariteur Dujardin
Médecins Chapelle, Samain Correspondant local des Assurances Sociales Dujardin M. Section des Combattants Venet Albert, président ; Baudoux, Cens Ph., vice-présidents ; Barbary, trésorier ; Dujardin M., secrétaire
Société musicale Richard CH., président ; Chimot E., vice-président ; Nottelet, trésorier ; Normand G., chef de la Fanfare Congrégation Notre-Dame de Saint-Erme (maison mère) Supérieure générale : Mme Esse ;
aumônier : Gosse ; économe : Lévêque.
Apiculteurs Berriot L., Hubert, Gozé, Noiret abbé, Parruitte, Rémy L.
Assurances Charpentier, Chimot E., Parruitte Ch., Lefèvre L., Rémy L. Cafés Renault, Lafrette E., Migrenne, Moreau Vve, Longuet M., Naivin, Debordeaux, Glorieux, Thévenet, Augustin, Naivin, Laurent Semoirs à main Lepère fils
Banque Crédit du Nord, ouvert tous les mercredis
SOCIETE GENERALE
Bureau auxiliaire
rattaché à l'Agence de Laon
ouvert tous les mercredis
Barattes (md de) Ets Boucher Bestiaux (md de) Marchal
Bouchers Lavoye Boulangers Mollet, Cagnart, Mausion. Briques Lhottelain, Martin
Bois Berlizot-Famelart, Rouche Buvette Rémy Vve, Debordeaux Charbons Berlizot, Lepage, Martin
Bourreliers Cens C., Debordeaux E., Franquet G; Bonneterie Naivin-Laurant, Thiéry G. Charpentes en fer Baudoux G.
Charcutiers Migrenne, Cuperly, à la Gare Charpentiers Théron, Henri, Remy Battages (entreprise de) Berriot, Avot
Charrons Guyenne, Turpin Ernest Cidres (md de) Moreaux, Lafrette E. Coquetier Dolignon
Cordonniers Bonne Alex., Dhurr H., Coutant et Quoix Couvreurs Famelart A., Parruitte, Clotaire Cultivateurs Avot Ern., Berriot-Avot, Cens J.B., Cens P., Dufour A., Dufour Raymond, Dutellier Ch., Dutellier J., Famelart Vve, Gosset A., Gozé, Marcheras, Normand Gaston, Richard Ch., Venet-Lelong, Codet Octave, Walbin Léon, Féry, Astier Bernard, Gosset R., Laurent A., Richard J., Garet Eugène, Evrard A., Prévost H., Férin E., Richard C., Laurent Alfred, Payen Emile
Draperie, nouveautés, tissus Debordeaux, Naivin, Laurent, Thiéry G. Electricité (install.) Poterlot, Palazzi Epiciers Société rémoise, Naivin L., Moraux Vve, Etablissement Goulet-Turpin, Debordeaux, Docks rémois, Comptoirs français, Familistère, Lafrette Eugène
Fruits et légumes Berriot frères, Brouleaux Grains Chappelet, Millot et Houdry Hôtels Macle (La maison bleue), Renault, Glorieux, Naivin, Thevenet, Augustin J.
Machines agricoles Poterlot Maçonnerie (ent. de) Bellot Gustave, Godain, Sézille, Maige Maréchaux Franquet, Berriot Gaston
Matelassier Loisel Menuiserie St-Ermoise Direction Rouche Modes et confection Lefèvre-Deuza Mme, Legueux Mlle
Pressoirs Etablissements Boucher Peintres Letondeur, Pouillet Pépiniériste Duplessy L.
Perruquiers Guienne, Renaud, Buffet, Bonne Angèle Mlle Poissons (md de) Normand Vve Quincailliers Baudoux, Normand D.
Rentiers Berlizot-Guyenne, Brucelle Ch, Brucelle-Labrusse Vve, Bruge Arthur, Bruge-Cathrin Vve, Carlier Vve, Delfosse P. Vve, Delsarte Vve, Lefèvre Vve, Passemez Vve, Poilier C. Vve, Venet Mme, Berlizot A., Gosset P., Charpentier J., Parruitte Ch., Richard C., Richard-Menesson Vve, Amboise F., Lamy Vve, Mercier-Gozé, Chenu V., Détrailles, Hautavoine M., Florent H., Bocquet E., Lepère E. Société coopérative de reconstruction président : Venet Alb. ; directeur : Chimot Ernest Transport par camions-auto Dzmont, Lacote, Poterlot
Viticulteurs Brébant, Charpentier, Normand E., Parruitte A., Passemez Vve, Payen A., Payen Ch., Rémy C., Théron A., Théron J., Turpin E. Voitures publiques correspondant du chemin de fer, Delcroix, pour Corbeny, Craonne et Sissonne Autobus départementale de Saint-Erme à Sons-et-Ronchères par Liesse
Voitures (loueurs de) : Service de taxi-auto Poterlot, Thévenet, Augustin, Glorieux, Heller, Marcel, Rasselet, Palazzi (tous mécaniciens)

ECARTS

La bonne volonté, le Choléra, le Moulin d'en Haut, St-Paul

HAMEAUX

Ramecourt, Outre, Maison bleue

Abonnés au Téléphone :

25 Barbary, chenil de Ramecourt
12 Barrotteaux, bar
18 Baudoux, négociant
21 Berlizot, bois
30 Brucelle, propriétaire
31 Chapelet, grains
 1 Chapelle, docteur en médecine
23 Chédaille, café-restaurant
16 Chemins de fer de l'Est
 5 Poterlot, garagiste
26 Samain, docteur
19 Chenu, propriétaire
 7 Docteur Samain
13 Ets Boucher, constr. de barattes
20 Hautavoine
22 Lavoye
24 Lepage, charbon, louage
 6 Marchal, cult., md de bestiaux
 3 Mercier-Gozé, rentier
10 Millot et Houdry, grains
14 Naivin, hôtel
17 Palazzi, mécan., garagiste
 5 Poterlot, garage
27 Prévost Henri
28 Rasselet, transp. autos
 4 Rouché et Cie, entrepreneurs
26 Samain, docteur
 2 Société électrique de Voyenne
 9 Soc. industr. de Tavaux
  Venet, cultivateur
11 Heller, mécan., garagiste



Données extraites de "L'annuaire officiel des abonnés aux téléphones 1951"

Abonnés au Téléphone 1951:

Téléphones en 1951

 5 Ateliers Mélin, garage, mach. agric.
25 Barbary E., dress. chiens arr., apicult.
18 Baudoux père et fils, fers, quinc.
21 Berlizot, marchand de bois
13 Boucher, constr. de barattes
30 Brucelle, propriétaire
31 Chapelet, négociant en grains
16 Chemin de fer (Sté Nat.); gare
27 Communauté Notre-Dame
43 Coop. agric. Maison Bleue, PL. Gare
39 Damont, transports
 3 De Condé, négoc. en huiles
 6 Defrançois, marchand de bois
33 Delsarte
19 Desselle (Marcel), pharmacien
41 Devaux-Boucher, propriétaire
22 Gromaire, boucher
23 Hôtel Glorieux, La Maison Bleue
20 Lacote (G.), transports
15 Le Falher
37 Lepére (L. etCh.), constructeurs
44 Mairie
10 Millot et Houdry, grains
 1 Morel, docteur
40 Nicolas (Paul), constr.
17 Palazzi, garagiste.
14 Radet (H.), Hôtel Terminus, gare
28 Rasselet (Louis), garagiste, gare
 7 Samain (Mme Vve)
26 Samain (Henri), fils, docteur
 8 Venet, cultivateur


LE VILLAGE DE RAMECOURT, COMMUNE DE SAINT-ERME (AISNE)

Le Pays-L'Eglise-Les Seigneurs

par M. l'Abbé G. BERRIOT
Curé de La Hérie-la-Viéville
Imprimerie MATOT-BRAINE
1898

Ramecourt

Situé à l'entrée d'une fertile et ravissante vallée, au pied de la riante colline des « Cuchuets », dont la cime couronnée de sapins permet à l'oeil de découvrir un panorama immense, le village de Ramecourt n'est que la troisième section de la commune de Saint-Erme, qui compte également le village d'Outre dans sa circonscription. Il a toutefois l'avantage de posséder son autonomie religieuse et aformé de tout temps une paroisse séparée. Il a pour principales dépendances : La Maison Bleue, qui n'était qu'une simple auberge avant l'établissement de la station du chemin de fer en 1857 ; La Bonne Volonté ; et Le Choléra , bâti durant la cruelle épidémie de 1830, qui ne fit pas moins de cent victimes dans la vallée. Sa population était de 120 communiants en 1745, et de 420 habitants en 1871 ; elle est aujourd'hui de 436 habitants avec La Maison Bleue, qui compte pour sa part 111 habitants. La principale occupation du pays est la petite culture. Les fruits s'y trouvent en abondance : les cerises de la Vallée sont connues et recherchées. On y fait du cidre et du vin. Une sucrerie y a été établie depuis 1875, près de la gare.

Paragraphe Premier : Le Pays

Plusieurs localités de France portent le nom de notre village. Il y a Ramecourt des Vosges, qui compte 175 habitants et le Ramecourt du Pas-de-Calais, qui en compte 282. Mgr Deramecourt, évêque actuel de Soissons et Laon, tirerait son nom de cette dernière localité.
« Ramecourt », dans l'Aisne, faisait originairement partie du domaine patrimonial de saint Erme, noble seigneur né en 654 dans le pays qui porte son nom depuis le XII ème siècle et qui s'appelait alors Erclie. Le glorieux enfant d'Erclie se fit moine bénédictin au monastère de Lobbes (Belgique).Il en devint abbé et y mourut, le 26 avril 737, revêtu du caractère épiscopal. C'était à la fois un saint et un lettré. A la place de sa maison natale ont surgi l'église actuelle du bourg de Saint-Erme et le prieuré qui y était adjacent (aujourd'hui la ferme de M. CL. Venet, maire de la commune), puis plus tard la communauté des religieuses de Notre-Dame de Saint-Erme.
La terre de « Ramecourt » passa donc, avec le reste du patimoine de Saint-Erme, à l'abbaye de Lobbes.
Le pays n'était dans le principe qu'une simple exploitation rurale plantée d'arbres et entourée d'ombrages ; de là son nom de Ramecourt, « Ramorum Curtis ». On appelle encore aujourd'hui dans le pays « le Village » l'endroit présumé où la localité prit naissance. La partie du pays appelée « le Marais » est la partie neuve de ce lieu : ce n'était encore qu'une vaste prairie il y a un siècle ; c'est aujourd'hui la plus belle rue du village.
« Ramecourt » conserva longtemps ses profonds ombrages. Il n'y a guère plus d'un siècle qu'il était encore entouré de bois en très grande partie.
En l'année 1104, « Ramecourt » commence à prendre figure. Le pays se bâtit une église et il pense à se choisir un patron. Les circonstances en sont intéressantes à raconter.
Les moines de Lobbes, si éloignés de leur domaine d'Erclie, s'étaient résolus à y fonder un prieuré, tant pour honorer le berceau du saint qui y avait pris naissance , que pour y assurer plus efficacement le bon produit de leurs terres. C'était là, du reste, que le cellerier du monastère prenait le vin destiné à la table des moines ; et ce n'était pas sans peine, d'après ce que raconte une chronique du temps, qu'il parvenait jusqu'à Lobbes.
Or, à cette date de 1104, le moine Liézon, prévôt du prieuré, passait par une épreuve cruelle. Sa maison avait été détruite de fond en comble par le farouche Thomas de Marle, seigneur de Montaigu, qui, perché dans son château aérien comme dans un nid d'aigle, en descendait de temps en temps pour semer aux alentours la ruine et le carnage. Liézon professait une grande dévotion à saint Erme. Il demanda donc à Lobbes qu'on voulut bien lui envoyer le corps du bienheureux enfant d'Erclie ; il estimait que la présence de ses saintes reliques exciterait la dévotion du pays et des environs, et lui procurerait des aumônes suffisantes pour le rétablissement du prieuré.
Mais Fulcard, abbé du monastère, lui fit réponse que « saint Erme ne bougerait pas de Lobbes ». On craignait que le corps saint fût retenu et ne revint plus au monastère.
Toutefois on eut égard à la requête de l'infortuné prévôt. On se décida de lui envoyer, au lieu des reliques de saint Erme, un autre corps saint, celui de saint Théodulphe, abbé de Lobbes, qui mourut le 29 juin 776, également honoré du caractère épiscopal.
Le corps de saint Théodulphe fut donc promené en triomphe à travers les rues du village et celles des pays environnants ; et de nombreux miracles récompensèrent la dévotion du peuple.
Ce que voyant, les habitants de « Ramecourt » estimèrent n'avoir rien de mieux à faire que de prendre pour patron un saint si puissant et si bon. On célèbre la mémoire de cette solennelle translation le 24 août. Peut-être est-ce alors que l'on fit don à l'église de « Ramecourt » d'une relique du bras de saint Théodulphe, enchâssée au XVII ème siècle dans un bras en bois que l'on exposait sur l'autel, aux saints du Saint-Sacrement. La translation du 29 août 1881, qui apportait au pays une nouvelle relique venue de Binche (Belgique), où repose aujourd'hui le corps presque entier de saint Théodulphe, rappelait la première translation du XII ème siècle.
Le nom de « Ramecourt » reparait en 1194. Le pays est érigé à cette date en commune avec Saint-Erme, Outre, Berrieux et Ramecourt, par Verrie, abbé de Lobbes. Il fut alors délivré une charte dont on possède encore le texte et qui était calquée sur la fameuse charte communale de Laon.
En l'année 1573, le prieuré de Saint-Erme avec tous ses biens, « Ramecourt » compris, était cédé par les moines de Lobbes à l'abbaye de Saint-Remi de Reims, moyennant le prieuré de Houdain, dans le Pas-de-Calais.
Ramecourt : la Croix-Berriot
Il est peu de localités qui n'ait son arbre historique. « Ramecourt » a son marronnier, si connu des enfants et si secourable aux bohémiens. Nous ne pouvons pas en faire un mémorial de la paix de Vervins signée en 1598 ; mais peut-être est-il le descendant d''un vieux Sully. A son ombre se dresse la « Croix-Berriot », ainsi nommée d'une famille déjà présente dans le pays en 1681. Et tout près se trouve le cimetière paroissial, ouvert en l 'année 1858.
« Ramecourt » est la patrie de Jean Aubert, principal du collège de Laon à Paris, savant helléniste et traducteur des oeuvres de saint Cyrille d'Alexandrie (7 vol. in-folio, 1638). Jean Aubert était chanoine de Laon ; il mourut le 1er novembre 1650. C'est lui qui a ouvert la carrière aux érudits qui ont donné ces éditions si recherchées des Pères de l'Eglise. Le nom de sa famille était répandu à « Ramecourt » au XVII ème siècle.
Quatorze prêtres, nés à « Ramecourt », ont exercé le ministère pendant le cours du siècle ou l'excercent encore ; voici leurs noms :
M. Jean-Baptiste Olivier, né en 1786, curé de Bois-lès-Pargny, décédé le 17 février 1852.
M. J.-B.-Auguste Jonniaux, né en 1796, curé doyen d'Aubenton, décédé le 28 juillet 1860.
M.Constantin Jonniaux, né en 1798, curé d'Urcel, décédé le 14 mars 1881.
M. Félix Berriot, né en 1804, curé d'Essômes, décédé le 12 avril 1868.
M. Auguste Parizot, né en 1810, aumônier de l'Hôpital de Laon, puis chanoine titulaire, décédé le 5 août 1891.
M. Alexis L.-Madoux, né en 1823, professeur au séminaire N.-D. De Liesse, décédé le 25 mars 1895,.
M. Gervais Barbier, né en 1829, curé de Moussy-sur-Aisne.
M. Louis Charpentier, né en 1829, curé de Fontaine-les-Vervins, décédé le 3 novembre 1887.
M. Emile Menu, né en 1840, curé-doyen d'Oulchy-le-Château.
M. Raphaël Menu, né en 1845, curé de Pavant, décédé le 14 mai 1896.
M. Gustave Berriot, né en 1851, curé de Le Hérie-la-Viéville.
M. Jean-Baptiste Walbin, né en 1852, curé de Chamouille, décédé le 25 mars 1888.
M. Théodule Duterne, né en 1861, aumônier de l'Institution Saint-Charles à Chauny.
M. Alcide Coutant, né en 1862, curé d'Hartennes.
Nous pourrions y joindre M. Jean-Baptiste Watellier, curé d'Hartennes, décédé le 18 décembre 1881, lequel, enfant de « Ramecourt », est né à Mauregny-en-Haye en 1802. « Ramecourt » a donné le jour à un très grand nombre de religieuses ; on en a compté quarante-trois. Citons parmi elles : Soeur Mélanie Jonniaux, qui tenta en 1835, avec les demoiselles de Hédouville, de ressusciter à Soissons l'ordre des Minimesses ; Soeur Vincent Walbin, morte victime de son dévouement pendant l'expédition de Crimée en 1856 ; et Soeur Philomène Berriot, première religieuse de l'Etablissement de Bethléem, à Reims, créé en faveur des enfants abandonnés, qui mourut en 1861.

Paragraphe Deux : L'Eglise.

Les commencements de l'Eglise de « Ramecourt » remontent, avons-nous dit, au XII ème siècle. Elle se composait alors tout simplement du choeur actuel, de la chapelle Saint-Fiacre et d'une nef sans caractère.
Au XVI ème siècle, on y ajouta l'abside flamboyante à pans coupés qui couronne l'abside.
L'église ainsi ordonnée était incomplète ; elle était de plus dans un triste état; Mais, dans la seconde partie de ce siècle, les habitants du pays ont montré de quoi ils étaient capables.
En 1870, on a bâti une sacristie, au prix de 1 200 fr.
En 1874, on a élevé un clocher sur le choeur remis à neuf ; et une seconde chapelle, dédiée à la Vierge, est venue faire pendant à la chapelle Saint-Fiacre, patron secondaire de « Ramecourt », où il attirait autrefois, le 30 août, de nombreux pèlerins, qui venaient vénérer sa relique et boire l'eau de sa fontaine.
En 1881, on a rebâti la nef et on l'a pourvue de très larges collatéraux.
Ramecourt : façade de l église
Tant de sacrifices méritaient une récompense. Aussi Mgr Thibaudier, évêque de Soissons, vint-il consacrer solennellement l'église de « Ramecourt » le dimanche 5 novembre 1882.
C'est à l'abbé Emile Sendron, curé de « Ramecourt » de 1865 à 1877, que revint le mérite de l'initiative de ces importants travaux. M. l'abbé Achille Guyot, son éminent successeur, les a achevés avec son tact et sa parfaite discrétion.
En 1758, l'église de « Ramecourt » reprenait à son compte le tombeau d'autel du sanctuaire de N.-D. de Liesse, remplacé par un autre beaucoup plus riche. Cet ancien autel se trouve aujourd'hui dans la chapelle Saint-Fiacre.
On voyait autrefois dans l'église de « Ramecourt » un tableau peint sur bois et portant la date de 1790 : il représentait en pied saint Théodulphe, patron de la paroisse, en chape, crossé et mitré. Cette peinture, qui avait plus de coloris que de finesse d'exécution, passait pour avoir été exécutée par un berger, pendant qu'il gardait ses moutons.
Deux cloches furent fondues pour l'église de « Ramecourt » en 1816 ; elles devaient accompagnées la seule cloche que la Révolution avait laissée dans le clocher. En 1839, trois nouvelles cloches furent fondues à la place des anciennes ; et en 1893, une quatrième, don de M. le doyen Lecomte, curé de « Ramecourt », en souvenir de sa mère, est venue heureusement les compléter.
« Ramecourt » est de temps immémorial en possession d'un curé en résidence.
Le curé de « Ramecourt » «était autrefois à la présentation du chapitre de Saint-Jean-au-Bourg de Laon. Son revenu était en 1745 de 400 livres, et celui de la fabrique de 50 livres. Le curé partageait le desservice de l'annexe, Outre, avec le curé de Saint-Erme. Le presbytère d'alors était la confortable maison occupée aujourd'hui par M. Adonis Maquin ; on a bâti depuis, sur le bel enclos qui l'entourait (outre la maison de M. Pacifique Cornet), la maison d'école, qui fut inaugurée en 1802 et coûta 7 200 francs.
Voici la suite des curés connus de « Ramecourt » jusqu'à la Révolution :
1- 1664. M. Watellier (......). Il mourut à « Ramecourt », et fut inhumé dans l'église, sous la tribune, au côté de l'évangile.
2- 1676. M. Ponchin (P.....).
3- 1684. M. de Saint-Blimont (......). D'une noble famille picarde qui compte saint Blimont (mort en 650), abbé de Saint-Valéry, dans ses origines, et a donné naissance au village de Saint-Blimont (Somme). Le dernier descendant de ce nom est mort le 24 janvier 1862. Les Saint-Blimont portaient : « d'or, au sautoir engrelé de sable. »
4- 1696. M. Bertzelin (Julien).
5- 1699. M. de M. Cellier (Claude). On a de lui la lettre suivante qui fait connaître l'état de sa cure :
« Le chapitre de l'église collégiale de Saint-Pierre et Saint-Denis de Laon, patron de « Ramecourt ». M. l'évêque-duc de Laon, collateur. Il est payé au curé par le prieur et religieux de Saint-Remi de Reims, gros décimateurs, pour la portion congrue. 300 liv. Pour une partie de la desserte d'Outre, il est payé par les mêmes religieux, selon acte passé devant Me Mignot, notaire à Laon, en octobre 1704, la somme de 40 liv. Les menues dixmes et novalles sont aussi abandonnées par ledit acte aux deux desserviteurs d'Outre et de « Ramecourt » et sont estimées 37 liv. 5 s. Une pièce de terre dont le revenu est estimé 10 s. Casuel 9 liv. 15 s. Total du revenu : 387 liv. 10 s.
M.Cellier mourut à « Ramecourt », le 26 mars 1734. Nous donnons ci-dessous son acte de décès: « Le vingt-six mars est décédé Maître claude Cellier, prêtre et curé de « Ramecourt », après avoir reçu tous les sacremens ; et le même jour il a été inhumé dans le choeur de l'église paroissiale du dit lieu par moi Richard collinet, prestre et curé d'Aubigny et doyen du détroit de Montaigu, de Goudelancourt et de Berrieux, dont j'ay dressé le présent acte, qu'ils soient signé avec moy le jour du vendredy vingt-six mars de l'an mil sept cent trente-quatre.
Signé : Collinet ; Barbier, curé de Berrieux ; Delorme, curé de Goudelancourt .(M. Gougeart, curé de Saint-Erme, a omis de signer.) »
6- 1734. M. Sollé (Adrien). Il était chapelain de la Madelaine à Laon. Il mourut après le mois de juin 1763, et fut enterré dans l'église de « Ramecourt » sous la lampe du sanctuaire. Une pierre blanche de forme carrée recouvrait ses restes et portait cette courte inscription :

CI GIST
ADRIEN SOLLÉ
Ancien Curé
DE CETTE PAROISSE
7- 1763. M. Courteville (.....)
8- 1771. M. Duflot (Pierre-Alexis-François).
9- 1790. M. Lalain (Claude-Joseph). Né à Iron, le 31 juillet 1753, il était fils de Jean-Louis Lalain et de Marie-Rose Mercier. Il avait trois frères prêtres : le curé de Richemont en même temps régent de Marle, décédé curé de Housset le 6 août 1813 ; le curé de Montaigu, décédé pendant la Révolution ; et le curé de Goudelancourt-les-Berrieux, décédé curé de La Malmaison le 9 mars 1814. Le curé de « Ramecourt » avait d 'abord était vicaire à Leschelles. Il eut le malheur de prêter le serment constitutionnel en 1791. Malgré cette faiblesse, il dut quitter son presbytère en 1793 et se bâtir une maison dans le village, tant de ses deniers que de ceux de Mlle Lérignier, sa gouvernante. Cette maison, rachetée en 1862, sous le fructueux ministère de M. Wargnier, aujourd'hui chanoine honoraire, curé de Bernot, a coûté, embellissements compris, 8 000 francs, et sert actuelement de presbytère. Joseph Lalain est mort curé de champs, canton de Coucy- le-Château, le 27 août 1811, à l'âge de cinquante-huit ans. Son portrait, fort bien conservé, se trouve dans une maison de Trosly-Loire.
La cure de « Ramecourt » avait était supprimée à la Révolution. Elle a été heureusement rétablie par Ordonnance royale du 10 août 1844.

Paragraphe Trois : Les Seigneurs.

S'il faut en croire la tradition du pays, il y avait dans l'origine, à la hauteur des « Cuchuets », un fort redoutable, digne pendant de la forteresse de Montaigu. Le seigneur de ce manoir était la terreur du lieu, de sorte que les gens, exaspérés par ses cruautés, ne l'appelaient pas autrement que le « chien ». De là le nom de fort d'Esquin (en picard de c'kien) donné encore aujourd'hui à l'emplacement de la forteresse présumée. Ce qu'il y a de certain, c'est que l'on a découvert en cet endroit, il y a près de soixante ans, le commencement d'un souterrain obstrué par des éboulements;
1215. Jean de « Ramecourt », écuyer.
Les seigneurs de Montaigu, avoués du prieuré de Saint-Erme, firent entrer de bonne heure le village de « Ramecourt » dans leur important domaine. Il en arrivait bien souvent ainsi dans les habitudes de la féodalité.
1615. Achille de Harlay, chevalier, seigneur de Montaigu, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi. Ce seigneur s'exprime ainsi sur ses droits seigneuriaux à « Ramecourt », le 5 août 1615 :
« Je possède sur Saint-Erme, Outre et Ramecourt, un droit de rouage, d'une valeur de vingt sous tournois.
J'ai le droit de prendre sur chaque habitant de « Ramecourt », 12 deniers parisis, payables le jour de Saint-Remy, sous peine d'amende de 60 sous parisis.
Nous avons droit de prendre par an, au jour des Ames, à cause de notre dit chastel de Montaigu, sur les habitants des villages et terroirs de Saint-Erme, Outre et Ramecourt, la somme de 40 livres parisis et rente annuelle perpétuelle : desquels villages nous avons haute justice et tout tel droit qu'à un seigneur, haut justicier des dits kieux, peut et doit appartenir, les exploits desquels sont à bailler. »
Achille de Harlay, ayant vendu sa terre de Montaigu à David de Miremont, seigneur de Berrieux, avant 1647, « Ramecourt » entra alors dans cette maison.
1657. Philippe de Miremont, chevalier, seigneur de Berrieux, baron de Montaigu, gentilhomme de la chambre, maréchal héréditaire du Laonnois. Ce seigneur décrit ainsi son dénombrement :

« ..... Notre moulin à vent, situé à présent sur la motte de l'ancien château (de Montaigu) où il a été transporté, après avoir été abattu par l'impétuosité des vents, depuis quelques années, lequel moulin est banal pour les habitants de Montaigu et de la vallée de Saint-Erme, lesquels sont obligés de faire moudre leur grain, sous peine de confiscation de leur blé en farine, s'ils vont moudre ailleurs, et de 75 sous d'amende. »
1702. Charles-François de Miremont, capitaine dans le Languedoc, seigneur de Berrieux, baron de Montaigu et seigneur de Saint-Erme, Outre et « Ramecourt ».
1741. Alphonse-Marie de Miremont, fils du précédent, baron de Montaigu et seigneur de Saint-Erme, Outre et Ramecourt. Il mourut sans postérité en 1744.
1765. Charles-Thomas-François-Exupert de Miremont, baron et châtelain de Montaigu, seigneur de Saint-Erme, Outre et « Ramecourt ». ce seigneur fut représenté par M. Chaffois à l'Assemblée générale du Bailliage de Vermandois, tenue à Laon, le 16 mars 1789, pour faire choix des députés appelés à siéger aux Etats Généraux. Il mourut pendant l'immigration.
Son neveu Jean-François-Charles-Alphonse de Miremont fut député par la noblesse aux Etats Généraux tenus à Versailles en 1789. Il mourut à Reims le 15 octobre 1815. Il ne laissa qu'une fille, Louise-Virginie, qui épousa le comte de Montangon et mourut le 17 février 1861, dans son château de Belval, à l'âge de soixante-cinq ans. Les Miremont, originaires d'Auvergne, étaient déjà établis en Champagne en 1359. Ils portaient pour armes : « d'azur au pal d'argent fretté de sable de douze pièces, cottoyé de deux fers de lance d'argent emmanchés d'or. » Devise : « Fundamenta ejus in montibus avernis. »
Naguère encore on voyait ces armoiries sur les murs extérieurs de l'église de « Ramecourt », au chevet de l'édifice, sur les restes d'une litre noire qui se continuait le long des murailles. C'étaient les derniers vestiges de l'ancien droit des seigneurs avant la Révolution.
Les derniers vestiges ont eux-mêmes disparu.

Gustave BERRIOT.


 

Mise en page : Marc BERRIOT


 

Mise en page : Marc BERRIOT


Quelques cartes postales
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